Origine, la saga !

par | Fév 25, 2021 | Reportages

En moins d’une décennie une jeune marque nordiste est devenue référence et point de repère dans un marché du cycle vicié par le marketing et empêtré dans ses contradictions. Face aux multinationales européennes ou américaines, Origine propose des vélos classiques, fiables, performants et personnalisables à l’infini. Des machines uniquement disponibles en vente directe sur le net. A l’image de Canyon, le tricolore et le custom en plus.

Les fondateurs d'Origine Yves Amiel, Rémi Lefèvre et Pierre-Henri Morel. (Photo Vélo Vert)

Anatomie d’une success story made in Nord…

Rue Léonard de Vinci à Somain, entre Valencienne et Lille. La pluie tombe dru, le froid et l’humidité saisissent le flâneur qui s’aventure sur cette zone artisanale du Nord de la France. Un temps et un décor qui fleurent bon les Classiques de début de saison. A commencer par Paris Roubaix et sa légendaire tranchée de Wallers-Arenberg, située à deux pas de Somain et de l’usine Origine. Cette jeune marque française née d’un pari fou lancé par un trio de rebelles passionnés de cyclisme.
Pierre Henri Morel, Yves Amiel et Rémi Lefèvre constituent le trio des fondateurs. Trois hommes, trois caractères, trois savoir-faire, réunis depuis 2012 autour d’un concept et d’un rêve.
Proposer au public des cyclos, coureurs ou non, des vélos performants et fiables à des tarifs enfin abordables. Et si possible avec la valeur ajoutée d’un « fait en France » raisonnable. C’est à dire en faisant appel à l’un des meilleurs sous-traitant asiatique pour le seul élément du vélo ne pouvant être ni compétitif ni performant en France, le cadre carbone. Tout le reste, de la peinture du cadre au montage artisanal, étant 100% réalisé dans les ateliers de Somain. Avec en ligne de mire l’adéquation totale avec les desideratas d’un client pouvant absolument tout choisir, et donc tout exiger.
Chez Origine pas de montage à la chaîne. On a retenu les leçons de l'artisanat.
Frein avant avec commande à droite, à l’italienne, plutôt qu’à gauche. Ruban de guidon rouge, bleu, blanc, jaune, beige… plutôt que le sempiternel noir d’usage ailleurs. Selle plus ou moins large. Pédalier compact, ou pas. Départ de cassette en 11 ou 12, voire mixage de dérailleurs GRX et Ultegra. Groupe Shimano, Campagnolo ou FSA. Roues Fulcrum, Shimano, Campagnolo ou Prymahl, nouvellement. Tout est possible. Ce qui change des teintes et des montages monocordes et monotones imposés généralement par les grands labels internationaux. Ici la personnalisation n’est pas un vain mot. Comme l’explique en souriant Rémi Lefèvre, en charge de l’usine.

« Nous sommes à l’écoute de notre client. Pour le conseiller, naturellement. Pour guider son choix en fonction de son usage et de son budget. Pour lui offrir le maximum de possibilités de customisation afin qu’il puisse dire que son nouveau vélo sera unique. Pour Origine c’est une question d’ADN. Nous écoutons et nous produisons chaque vélo à la demande. Il n’y a pas chez nous de stocks à écouler coute que coute. En fait notre démarche industrielle est calquée sur l’artisanat. Pour un même modèle commandé par deux, trois ou quatre clients, il y aura deux, trois ou quatre vélos différents. Par le montage, la couleur, les détails. En fait il est quasi impossible de retrouver deux machines Origine identiques. C’est notre grande fierté ! Comme la concrétisation permanente de notre folle idée de départ. Pas simple mais passionnant. Vraiment passionnant !»

Rencontre avec un client Origine. Le dialogue se poursuit...
Lancement presse en octobre 2012. Présentation au grand public lors du Salon de Paris 2013. Livraison dans la foulée des premiers vélos, les fameux Axxome 250. La Saga Origine va naitre d’une rencontre et d’une idée.
Rencontre entre Pierre-Henri, Yves et Rémi.
Idée phare très vite concrétisée d’une création contemporaine novatrice mais simplissime, version Art Modeste. Ce mouvement esthétique majeur né d’un refus de l’arrogance et de la sophistication à outrance. Avec des créateurs du calibre de Robert Combas, Bud et Hervé Di Rosa. Étrangers au cyclisme mais si proche philosophiquement et humainement par leur capacité à révolutionner sans qu’il n’y paraisse. Un parallèle que Pierre-Henri, Président d’Origine Cycles, fait sien en souriant.

« Même si nous nous sentons éminemment proches sentimentalement des illustres artisans italiens que sont Ernesto Colnago ou Ugo De Rosa, la proximité culturelle avec l’Art Modeste est à la fois une révélation et une fierté. Comme ses initiateurs, devenus des géants de l’art contemporain, nous avons fait notre une démarche sociale, esthétique et technologique modeste nous permettant de proposer au pratiquant du sport cycliste des machines performantes et belles à des tarifs contenus. Sans jamais prétendre révolutionner la technique. Avec la certitude cependant d’être dans le juste en en proposant la quintessence. Origine est ainsi devenue une marque modeste mais passionnante. Little big brand, comme disent en souriant les anglo-saxons. »

Yves, Directeur Général d’Origine Cycles.
Côté technologie, côté design, côté conception, Origine a ses recettes maison. Depuis le départ. Et peut-être même avant le départ. Car il y a dans le trio des dirigeants fondateurs, un homme de l’art déjà auteur de centaines de milliers d’autres machines dans une autre vie. Un passionné de technique, connu des principaux équipementiers et sous-traitants pour avoir inondé autrefois le marché d’entrée de gamme par des vélos distribués en grandes surfaces. Yves, c ’est de lui qu’il s’agit, évoque volontiers cette époque où les hyper-marchés découvraient le produit vélo. Et ou le marché du cycle changeait de braquet.

« A l’époque c’était la première folie du vélo. Dans mon usine de Valencienne j’ai produit plus de deux millions de vélos destinés aux grandes surfaces. Dans les années quatre-vingt 70% des vélos vendus en France l’étaient en grandes surfaces. Un boum commercial qui allait se tarir avec l’arrivée du phénomène Décathlon-Go Sport. En 2010 c’était fini. Nous entrions dans une nouvelle ère. La clientèle des grandes surfaces non spécialisées disparaissait. Mais j’étais toujours autant passionné. Avec la volonté de créer autre chose. Mais cette fois dans le haut de gamme. Pour produire des vélos de course ou de VTT performants et beaux. Mais sans pour autant imiter les nouvelles marques internationales portées par des moyens financiers colossaux. Sans avoir recours jamais aux artifices du marketing. Sans même avoir comme ambassadeur un team UCI World Tour disputant le Giro, la Vuelta ou le Tour. Nous n’en avions d’ailleurs ni les moyens ni le désir. Convaincus que faire payer au client les salaires des stars n’était pas forcément une fin en soi. Convaincus aussi que le meilleur de la technologie devait demeurer accessible au plus grand nombre. Je savais que c’était possible. En visant haut mais simple. Sans arrogance. J’en ai parlé avec Pierre-Henri. Nous en avons parlé avec Rémi. C’était parti. Origine allait voir le jour. Avec la réussite que l’on sait. »

Rémi Lefèvre, Directeur Général adjoint d'Origine Cycles nous montre les détails d'un cadre.
En déroulant le fil des souvenirs, installés dans le show-room Origine de Somain, les choses semblent simples. Une idée concrétisée par trois hommes dingues de vélo. Des clients devenus des ambassadeurs inconditionnels, des nouveautés qui s’enchainent à un rythme toujours plus rapide, des modèles devenus culte, des rencontres avec des mythes de l’industrie du cycle, des réseaux sociaux conquis, des projets fous aussitôt dépassés par d’autres projets. Entre un grand salut à Guillaume Di Grazia, la star d’Eurosport venu recevoir ici son Prix du livre de cyclisme de l’année, un « à tout à l’heure » adressé à un client de la première heure venu réceptionner à l’usine son nouvel Axxome, et un coup de fil urgent aux techniciens de FSA en Italie, Rémi remet la mémoire Origine en ordre.

« Les premiers temps nous vendions à peine trois à quatre vélos par mois. L’équipe était réduite. Nous devions nous faire connaître et faire reconnaître notre vélo parmi les centaines de modèles disponibles sur le marché. Avec le concours de Christophe Moreau nous sommes allés nous montrer sur le Salon de Paris à l’automne 2013. Origine avait tout juste un an. Mais le pari allait rapidement commencer à être relevé. Notre vélo plaisait. Notre formule plaisait. Notre rigueur et notre volonté de dialogue avec la clientèle plaisait aussi. C’était parti. Nous étions enthousiastes mais réalistes et mesurés dans nos propos et nos ambitions. Ce qui comptait désormais pour nous c’était d’imposer la marque Origine comme une marque sincère et performante. Avec des vélos réellement adaptés aux pratiquants. »

Rémi Lefèvre avec Guillaume Di Grazia, venu recevoir ici son Prix Top Vélo du livre de cyclisme de l’année.
La recette gagnante, déjà esquissée dès la naissance d’Origine, allait venir finalement de la synergie entre les trois fondateurs. Et de leur volonté de partage d’émotions avec les cyclos. Au point de susciter un incroyable réseau d’amitiés alimenté par une communauté littéralement exceptionnelle. La preuve en étant donnée par l’authentique raz de marée des votes d’internautes lors des deux dernières élections de Top Vélo Awards. Le phénoménal Axxome II RS remportant le titre 2020 de vélo de l’année face à Colnago et Héroin.
Rémi en a conscience. Et il reprend en guise d’explication le commentaire de Top Vélo à l’issu de l’élection de l’Axxome II RS.

« Et si Origine avait parfaitement compris et répondu aux attentes des cyclistes français ? »

Le coeur d’Origine bat à Somain

Gérald, au centre entouré de son équipe de production. C'est eux qui produisent chaque vélo Origine.
L'équipe de design, tous les dessins et les graphismes de la marque sortent de ce bureau.
Les hommes du bureau d'étude : la conception c'est eux !
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