Artisans et assembleurs, quelle différence ?
Une petite réflexion qui me vient suite à la publication des photos des roues Basalt Wheel sur les réseaux sociaux. Vos réactions furent nombreuses. « Qu’est-ce que des roues artisanales si on prend en compte que les artisans ne fabriquent pas leurs jantes ou leurs moyeux ? »
Il faut savoir que la majorité des grands constructeurs de roues ne fabriquent pas non plus leurs jantes, mais les sous-traitent à de grands fabricants, évidemment tous en Asie. Quelques-uns cependant, comme Enve, Campagnolo, Mavic, Shimano et Corima fabriquent bien leurs propres jantes. Mention particulière à Corima, Mavic et Campagnolo qui fabriquent leurs jantes en France et en Europe. On peut aussi citer Asterion qui fabrique ses moyeux Aivee.
Et les artisans dans tout ça ?
Imaginez-vous le poids technique et industriel nécessaire pour fabriquer des jantes en carbone ? Le même d’ailleurs que pour fabriquer des jantes en aluminium. Il faut le dire : les artisans n’ont jamais fabriqué une jante !
Que ce soit aujourd’hui ou le carbone règne en maitre ou il y a 50 ans, lorsque la jante plate se voulait la plus légère possible.
Les mêmes qui critiquent ces monteurs de roues me citent des fabricants de cadres en acier comme exemple. Mais ces fabricants fabriquent-ils eux-mêmes leurs tubes ?
De même pour les fabricants de textile « made in France », qui se soucie de savoir d’où provient la fibre, la peau utilisée ou encore la fermeture ZIP ?
Se concentrer sur les capacités de chacun
Fabriquer des jantes, de la fibre de tissu, des tubes en acier ou en titane ne s’improvise pas.
Les artisans ont toujours sélectionné les meilleurs matériaux pour produire (et assembler) un produit qui est le fruit d’une réflexion bien différente de la grande industrie.
Lorsque vous achetez un produit « artisanal » il aura été pensé exactement selon vos souhaits, et non pas avec le critère prix comme élément principal.
C’est ce qui différencie un vrai artisan d’un assembleur.
L’artisan est capable de vous écouter et de vous fabriquer un produit différent, qui vous conviendra parfaitement. Cela passe par un rayonnage sur-mesure, une tension parfaite et un soin apporté au montage qu’un grand constructeur ne pourra jamais se permettre. Et surtout un montage manuel, et non pas en machine.
Qu’ils aient fabriqué leurs propres jantes, leurs tissus ou tubes n’y change rien !
Ne pas se focaliser absolument contre le made in Asia
Une défiance contre tout ce qui est fabriqué en Asie me surprend.
Évidemment, on le sait, l’Asie est capable de fabriquer les pires produits de la planète, du point de vue de la qualité.
Mais l’Asie est aussi capable de fabriquer le meilleur. Tout est une question de coût.
Et force est de constater que les meilleurs cadres en carbone (à de rares exceptions) viennent d’Asie. La connaissance du carbone des Asiatiques est bien supérieure à celle des Européens.
Pour dire, je discutais avec certains dirigeants d’une grande marque de cycles européenne qui me confiaient avoir voulu rapatrier la production de leurs cadres, mais que devant le faible niveau des prototypes proposés en Europe, ils avaient dû décliner cette possibilité.
Si vous avez la chance de rouler sur un Trek Émonda SLR (vélo de l’année), un Specialized Aethos S-Works ou un Origine Axxome EVO, vous en conviendrez, ce sont des machines exceptionnelles, pourtant fabriquées en Asie.
Pour en revenir à nos artisans monteurs de roues, ils ne font que sélectionner les meilleures jantes sur le marché, pour vous proposer la meilleure paire de roues possible.
Comme à l’époque lorsqu’ils choisissaient entre une Nisi ou une Mavic Record de l’Heure !
- Certains se sont essayés à la fabrication de jantes en France, on peut citer AeroZenith qui proposait deux types de roues, à rayonnage classique ou full carbone. Des roues exceptionnelles à l’époque, mais qui n’auront pas permis à la société de se développer…