Les héros et les zéros

par | Fév 15, 2021 | Editos

Symbole éternel de ces héros sur qui l’on crache après les avoir adulés, métaphore aussi de ces Champions ultimes sans qui le cyclisme ne serait rien, Marco Pantani se voit célébré le 14 février à l’occasion du 17ème anniversaire de sa tragique disparition. Suprême hypocrisie ou lancinante méprise ?

Marco Pantani

Lorsque l’heure sera venue de faire les comptes de l’histoire du cyclisme moderne, il sera intéressant de savoir ce qu’il reste des héros et des zéros. C’est à dire de ceux qui ont écrit l’histoire et de ceux qui ont prétendu la réécrire. Par exemple de Marco Pantani et de Christophe Bassons.
Face au légendaire grimpeur, hauteur d’échappées mythiques dans les grands cols italiens ou français, que représente un coureur médiocre et sans talent ayant fait du dopage son fonds de commerce ?

A cette question border line il y a deux possibilités de réponse.
La première, version politiquement correcte et sportivement absurde, serait de prétendre comme Bassons lui-même que le doping fait le champion. Et par exemple, toujours selon Bassons himself, d’imaginer un athlète banal devenir un hyper champion grâce à des cures médicamenteuses miraculeuses.
Le seconde, version scandaleuse et pourtant vérifiée depuis l’origine du sport cycliste, est que le grand champion est un être à part, doté de capacités hors-normes n’ayant que faire des calculs d’apothicaires hallucinés du type Antoine Veyer.

Côté réactions populaires, il y aura les « vierges effarouchées » et les vrais passionnés qui n’auront cure des distorsions absurdes de l’histoire.
Dans le premier cas lynchage facebookien.
Dans le second cas parole donnée à des personnalités sachant ce que l’exploit signifie. Et redonnant au marabout Veyer sa juste dimension picaresque. Par exemple Richard Virenque ( « Je me suis aperçu très vite que Veyer n’était pas compétent »), Jean-Marie Leblanc ( « Ce chercheur autoproclamé qui calcule la puissance développée devant son écran de télévision »), Laurent Fignon (« Je ne crois pas du tout à des études scientifiques faites en regardant la télévision. Ce sont des gens qui se font de l’argent grâce au dopage ») ou Bernard Hinault (« Je connais celui qui fait ça, il est complètement con »). Sans parler de Raphael Géminiani rappelant à ceux qui osaient douter des exploits de Jacques Anquetil qu’il avait remporté le Grand Prix des Nations sur 140 kilomètres contre la montre à 18 ans.

Cette notion de précocité dans l’exploit s’applique d’ailleurs à l’immense majorité des grands champions. De Coppi vainqueur de son premier Giro à 20 ans, à Eddy Merckx ou même Lance Armstrong Champions du Monde à 21 ans. Ce qui vient prouver par l’Histoire que le super athlète se révèle jeune. Souvent dès les minimes et les cadets. Infirmant la flagrante contre vérité de faux champions fabriqués par le doping.
Il faut être monté sur un vélo de course et avoir gravi le Ventoux ou l’Izoard pour comprendre qu’un talent ne se fabrique pas.

Au-delà des polémiques absurdes et des prétendues analyses scientifiques télévisuelle, un Champion est un Champion. C’est lui, par ses exploits, par ses victoires, par ses défaillances, par ses souvenirs jaunis mais glorieux, qui nous incite encore à attendre avec passion le prochain Tour de France. Dans le souvenir des Coppi, Bobet, Anquetil, Merckx, Indurain, Hinault, Fignon ou Pantani…

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