Pantani Forever !
T out au long de la route du Giro, les banderoles à l’effigie mélancolique de Marco Pantani fleurissent chaque année. Comme une litanie romantique destinée à magnifier le souvenir d’un champion unique ayant su donner spectacle, amour et passion aux passionnés de cyclisme héroïque. Rappel amer à l’heure de l’uniformisation du peloton et du marketing obscène.
Les « Pantani vive » ou « Pirata forever » viennent ainsi rythmer la rencontre entre la course et l’histoire, entre les coureurs et le paysage. Comme autant de messages de dévotion nostalgique à ces champions poètes qui ont fait de l’histoire du sport cycliste une épopée humaniste ayant inspiré journalistes, écrivains et artistes.
Un peu plus d’un million de votants plus tard, succès phénoménal qui en dit long sur l’attachement du public au cyclisme, les 4 demi-finalistes étaient Fausto Coppi, Eddy Merckx, Alberto Contador et …Marco Pantani.
En finale le Pirate a devancé de peu le Campionissimo. Une surprise évidemment. Mais aussi la confirmation d’un attachement profond du public aux héros maudits.
Naturellement les éternels insatisfaits, ceux qui ne croient pas à l’inégalité physique entre le commun des coureurs et les champions, évoqueront une autre époque et d’autres mœurs. Il leur suffirait pourtant de consulter les fiches morphologiques de Pantani et Coppi. 36 pulsations au repos pour Marco. 32 pour Fausto. Rapport poids puissance de 6,8 watts pour Marco. 6,7 pour Fausto. Rythme cardiaque de 172 lors des échappées en montagne pour Marco. Avec possibilité d’aller jusqu’à 190 lors des démarrages.
En fait le seul doute qui subsiste vraiment encore aujourd’hui, concerne la saison 1999. Archi-dominant sur les routes escarpées du Giro, Pantani était sur le point de remporter avec panache son second Giro d’affilée. Lorsqu’il fut exclu de la course au départ de Madonna di Campiglio pour un test hématocrite non conforme. Sa domination était telle qu’il était alors en tête des trois classements. Le classement par points, le classement de la montagne et naturellement le classement général. Son mentor, le commendatore Salvatore Grimaldi, faisait déjà travailler ses collaborateurs de Bianchi pour préparer un nouveau vélo hyper light pour le Tour où il devrait affronter l’Américain Lance Armstrong. Vu sa supériorité en montagne, le Pirate aurait été difficile à battre. Et l’histoire aurait changé. Même si on ne réécrit pas l’histoire…