Leon Ventus
Cocorico
Et si on parlait du titane !
Le Ventus est à mi-chemin entre le vélo aérodynamique de triathlon et le vélo de route. On pourrait presque le qualifier d’hybride tant sa ligne est inhabituelle. Surtout lorsqu’on songe qu’il s’agit là d’un cadre métallique. Et en 2018, quand on parle de cadre métallique, on pense bien plus à l’acier qui a fait son grand retour qu’au titane. Trop cher, encore lourd, compliqué à souder, il faut avouer que l’acier présente de beaux avantages.Mais c’est sans compter sur le prestige du titane, sa durabilité et sa beauté. De plus, bien travaillé, on arrive à lui donner un comportement vif et précis, ce qui faisait cruellement défaut aux titanes d’il y a 10 ans. Bref, le choix de Leon de proposer un cadre aux lignes sportives et aérodynamiques destiné à la compétition peut paraître osé, mais attendons d’essayer le vélo pour se faire une idée…On ne rogne sur rien
C’est le constat qui s’impose en faisant le tour de la machine. Groupe Shimano Dura-Ace au complet, jeu de direction Chris King, roues RAR… Des composants qui sont habituels sur des vélos de cette trempe, surtout lorsqu’ils sont en titane.Il est clair qu’un tel cadre mérite les plus beaux équipements. Et le Dura-Ace est un des pionniers des groupes à freinage disques sur route. L’ergonomie des leviers de sa dernière version 9100 est quasiment la même que sur les leviers à freinage sur jante, ce qui est une réelle performance d’intégration. Le fonctionnement du groupe Dura-Ace mécanique est toujours au meilleur niveau et permettra de tirer pleinement parti du vélo. À ce propos, le choix d’un groupe mécanique se respecte toujours, même en 2018. Et à ce jeu, Shimano et Campagnolo sont clairement au-dessus du lot quant à la performance de leurs groupes mécaniques qui n’ont rien à envier aux groupes électriques côté fonctionnement. En dehors d’un bon groupe, pour avoir un bon vélo il faut des composants à la hauteur. Et Enve est maître en la matière. Cintre et potence en carbone assurent fiabilité, confort et ergonomie maximale. D’ailleurs à ce niveau, entre les leviers Dura-Ace et le cintre à la forme parfaite, il est difficile de faire plus efficace et agréable.La tige de selle est livrée avec le cadre et est siglée Leon. Spécifiquement adaptée à la forme du tube de selle, elle est en carbone et son réglage est ultra-facile. Un bon point. Quelques mots sur la selle P.3, pas commune. Tout en carbone, elle est fabriquée au Portugal par Gelu. Allez faire un tour sur le site Internet de la marque, vous risquez d’être surpris par leurs différents modèles.
En tout cas, on est admiratif devant la qualité du travail… Ceux d’entre vous qui lisent régulièrement Top Vélo reconnaitront les roues RAR essayées le mois dernier dans notre rubrique « Top Wheel ». Des roues dont tout a été dit. Leur qualité de roulage est exceptionnelle et elles sont en mesure de magnifier n’importe quel cadre. Un sans-faute !
Pas que de la gueule
La balle ! Bien aidé par des roues exceptionnelles (merci Adrien Gontier), le Ventus a de la ressource ! La position est résolument tournée vers la performance avec un gros écart entre le cintre et la selle. Mais sachant que vous pouvez commander le cadre à vos propres cotes, c’est purement indicatif. Les pneus Compass sont bien gonflés (8 bars) mais leur carcasse très souple fait son travail, comme le cadre qui filtre les aspérités sans souci.
Lorsqu’ils sont préparés pour la course, certains aciers commencent à taper, mais le titane, même de course, reste confortable ! Sur le plat je ne me sens absolument pas sur un vélo métallique et l’ensemble se montre très convaincant. En relance, l’arrière très compact fait des merveilles et propulse le vélo avec grande efficacité. Le jeu de direction pourtant surdimensionné mériterait d’être encore un peu plus bridé pour suivre le rythme, car en relance à bloc je sens un léger flottement. Rien de grave, mais il faut dire que l’arrière du cadre est vraiment très rigide. De son côté, le boîtier de pédalier est juste parfait. Quel que soit le rapport adopté, il ne plante pas et permet au cycliste de s’exprimer librement.
À la lecture de la fiche technique, le poids de l’ensemble, tout de même conséquent (près de 7,5 kg avec les pédales) laisse présager un comportement en côte un peu difficile. Sur le terrain, bien que le Ventus ne soit pas une ballerine, il ne se débrouille pas trop mal. Évidemment par rapport aux cadors du secteur, il n’y a pas comparaison, mais ça passe plutôt bien. Deux façons d’aborder les routes pentues. Soit vous êtes fort et à bloc, le vélo passe bien mais se montre fatiguant, soit vous y allez doucement sans vous faire mal. C’est en restant entre les deux que le Leon se montrera le moins à l’aise. À ce niveau, il est probable qu’un acier, plus élastique, fasse mieux. A contrario sur ces aciers très performants, le confort risque d’être légèrement inférieur au titane. Vous êtes prévenu. En descente, le couple cadre titane/freinage à disques est impérial. De quoi tourner autour des processeurs de cadres carbone à freinage classique, incroyable !
Pour les passionnés, évidemment
À qui se destine ce vélo ? Aux passionnés en premier lieu. Car le choix, la réflexion de l’achat d’une machine en titane ne peut avoir lieu qu’après avoir pesé objectivement les avantages et les inconvénients de ce matériau. S’il ne fait aucun doute que le Ventus est une machine destinée à la compétition et la performance, les qualités du titane lui laissent assez de confort pour convenir à un large panel d’utilisateurs. Mais ne vous méprenez pas, c’est un vélo de course à la recherche de la performance ! Les titanes sont loin d’être des vélos de vieux…