R3, R3 SL, R5, R5 SL, R5 California et… R5 !

Des noms légendaires pour des machines qui le sont tout autant. Et des victoires aussi.
Évolution du R3 et du R3 SL, le R5 était à l’époque encore plus léger. Toujours dans cette direction, le R5 California battait des records de poids en affichant plusieurs centaines de grammes de moins que le premier R3. Une révolution !
Du R3 au R5 (et en passant par la série S), Cervélo a conquis des milliers de cyclistes avec cette approche différente qui a fait le succès de la marque. Une approche dictée d’une main de maître par Gérard Vroomen, co-fondateur de la marque avec Phil White en 1995.
Nonobstant les modes, Cervélo a toujours recherché la vitesse et l’efficacité avant toute chose. Le premier Soloist en aluminium était révolutionnaire en ce sens. Le R3 rendait ses lettres de noblesse au « vrai vélo de montagne ». Le R5 en a pris la suite…

Techniquement

En quelques mots, le R5 actuel améliore le confort, abaisse sa masse et intègre toute la câblerie. Une ligne d’amélioration par rapport au précédent modèle qui ne peut se résumer en ces quelques mots.

Le principal objectif était d’abaisser la masse de l’ensemble cadre-fourche et le résultat est là : moins d’1kg et un cadre à tout juste 700 grammes en taille 56. Un poids plume qui n’est pas un record (le R5 California était plus léger), mais dans le peloton pro les cadres à 700 grammes et moins ne sont pas légion. On comprend donc que Cervélo n’ait pas allégé plus ce nouveau R5, demandez à Jonas Vingegaard ce qu’il en pense….

Cet allègement est passé par un travail sur les formes et le lay-up de chaque taille de cadre afin de garantir un comportement homogène et identique quelle que soit votre taille. Pour cela, chaque taille de cadre bénéficie d’une forme et d’un lay-up de carbone spécifiques. Même la fourche reçoit cette attention !
Le boitier de pédalier fait toujours appel au concept BB Right qui consiste en un boitier asymétrique surdimensionné de 79mm, permettant d’avoir une base gauche de plus grand diamètre que la base droite. La rigidité étant ainsi parfaitement contrôlée, il y a à la clé un relatif gain de poids, mais surtout une maximisation de la transmission de puissance. Un concept cher à Cervélo depuis de nombreuses années !

La géométrie a aussi été repensée. Si le Stack et le Reach restent identiques au précédent modèle, Cervélo a abaissé le tube supérieur d’un centimètre environ au niveau de son raccord avec le tube de selle. Un cadre souhaité comme plus compact, mais surtout un slooping plus prononcé qui permet de facto une plus grande déformation de la tige de selle (plus de sortie) et donc plus de confort.

Toujours concernant le confort, le R5 voit sa capacité de dégagement de pneumatiques augmentée. Il sera possible de monter des pneumatiques jusqu’à 34mm avec un espace de 4mm. Le R5 est vendu avec des gommes de 25mm lors de l’achat d’un vélo complet.

En conformité avec la nouvelle tendance, le R5 est désormais compatible uniquement avec les transmissions électriques. Cervélo ne l’a pas équipé de passages de gaines qui auraient alourdi le cadre inutilement car les dernières transmissions à freinage disque haut de gamme sont exclusivement électriques. Qui monterait son R5 en 105 ? Un 105 qui par ailleurs est désormais aussi disponible en Di2…

Équipement « pro »

Notre vélo d’essai est le vélo utilisé par la championne Marianne Vos lors des derniers J.O de Tokyo en 2021. Un vélo qui correspondait parfaitement à notre exigence de taille et qui diffère donc légèrement des vélos de « série » par son équipement (composants et train roulant). Le cadre est identique à celui commercialisé, en dehors de son coloris spécifique, évidemment.

Le groupe Shimano Dura-Ace Di2 est celui de l’année dernière et le modèle 2022 bénéficie évidemment du dernier Dura-Ace r9200 à 12 vitesses ou du Sram Red eTap AXS, au choix. Si notre essai s’est déroulé avec le Dura-Ace r9150, il n’y a évidemment pas de différence fondamentale sur le comportement du vélo.

Les nouvelles roues Reserve 34/37mm équipent le vélo de série. Des roues à double profil de jante et dont la jante avant est plus large que la roue arrière : 30 mm contre 29mm. Des roues parfaitement adaptées aux caractéristiques du R5 et aptes à le faire évoluer sur une multitude de terrains. Leur masse est faible avec un poil plus de 1300 grammes.

Les composants spécifiques

Pour optimiser le gain de poids et l’intégration de la câblerie, Cervélo a développé des composants qui sont spécifiques au R5. Devant répondre à un sponsoring, le vélo de Marianne Vos ici en photo ne bénéficie pas du poste de pilotage Cervélo.

Le cintre HB13 fait passer la câblerie dans la douille de direction à l’aide du pivot de fourche qui est en forme de D. Les gaines hydrauliques passent sous le cintre dans un souci d’entretien et de gain de poids. Le résultat est là avec 260 grammes, ce qui permet d’économiser près de 30 grammes par rapport à son prédécesseur. Ce cintre est disponible de 38 à 44 cm.
Notez qu’il conserve une forme ronde sur toute sa partie supérieure afin de faciliter le montage d’un support de compteur. Et puis le montage d’un cintre plat serait incongru sur une telle machine !

La potence ST31-LT est plus légère de 12 grammes et bénéficie d’un capot frontal qui permet de fixer soit un éclairage, soit un compteur Garmin ou Wahoo.
Cette potence est montée sur la douille de direction avec des entretoises qui se clipsent entre elles, ce qui permet d’intervenir sur la hauteur du poste de pilotage sans le démonter entièrement (grâce aussi au cintre HB13).
Bien vu, tout comme les bagues de rehausse disponibles en deux versions de 7 et 22 mm, ce qui permet une rehausse totale maximale du poste de pilotage de 52 mm !

La tige de selle SP24 est disponible en deux types de reculs : le recul 25 mm offert par l’ancienne SP18 est abandonné, on bénéficie au choix d’un recul de 15 mm ou d’une tige droite sans aucun recul.
Enfin, l’expandeur est désormais étudié spécifiquement pour le pivot de fourche en forme de D. Il permet un réglage et un changement plus aisé qu’auparavant lorsqu’il fallait coller l’expandeur à l’intérieur du pivot…

Sur la route

Si le précédent R5 était un vélo ultra-polyvalent (lire notre Supertest de 2018), le cru 2021-2022 du R5 change radicalement la donne. Sa nouvelle géométrie est censée apporter plus de confort et Cervélo n’annonce pas de rigidité supérieure pourtant lors des premiers kilomètres c’est une machine totalement différente qui se dévoile.

Une rigidité importante et immédiatement perceptible, surtout avec des roues de 50mm utilisées en compétition par Marianne Vos. L’ensemble est réactif et impose de passer tout de suite sur un grand développement tant la mise en vitesse est rapide. À contrario, sur de petites difficultés, il faut avoir de la puissance pour emmener le vélo ou bien passer sur un développement plus facile. Concernant le confort, le vélo est sportif à basse vitesse et devient plus agréable passé les 30 km/h.

Avec des roues à profil moyen d’environ 30mm, c’est un tout autre comportement qui transparait. Le R5 est nettement plus facile à faible allure et gagne en confort. Un confort qui devient carrément impressionnant en abaissant la pression. Essayé avec des gommes de 28mm gonflées à 5 bars, le Cervélo R5 survole la route et devient presque un vélo au long cours. Point positif, il ne donne jamais l’impression de s’écraser sur ses pneumatiques.

Sur le plat, le R5 profite de sa rigidité pour soutenir de grandes vitesses. Le relatif manque d’aérodynamisme par rapport à un vélo dit « aéro » ne se fait pas sentir, du moins avec les roues à profil haut. Avec des roues plus basses, on perd en efficacité ce qu’on gagne en facilité, dès qu’une difficulté arrive.

C’est en montagne que j’attendais le plus de ce nouveau R5. Et je n’ai pas été déçu. Autant vous le dire tout de suite, il fait partie des meilleurs grimpeurs du peloton, mêlant la facilité d’un Bianchi Specialissima (patins), à la rigidité d’un Specialized Tarmac, tout en donnant la même sensation de légèreté qu’un Canyon Ultimate EVO.

Évidemment, dans une longue ascension (comme le Mont Ventoux), le montage de jantes plus basses permet d’évoluer avec plus de facilités, mais si vos jambes vous le permettent, le profil de 50mm permet de tirer tout le parti de la rigidité du cadre, même en bosse.

Ultra racé

Cette génération de R5 change radicalement de comportement et s’oriente clairement vers plus de performance en visant le plus haut niveau de la compétition. Le R5 est un compétiteur (comme le S5) et il ne se limite plus à la montagne. Performant sur tous les terrains, il conserve ce qu’il faut de confort tout en garantissant des sensations de pilotage très fines et précises. Enfin, les sensations sont bien là, ce R5 apporte beaucoup de plaisir et de communication avec la route.
De quoi nous prouver que l’avenir n’est pas uniquement du côté des vélos aéro !