Ugo De Rosa est mort, adieu Ugo !
E n ce dimanche pluvieux de fin mars, il s’en est allé rejoindre les plus grands champions de l’histoire du cyclisme. Ceux qui lui avaient donné la passion du vélo et l’envie folle de leur inventer les meilleurs cadres du peloton. Ugo De Rosa nous a quitté. Victime d’un arrêt cardiaque alors qu’il venait de rejoindre sa maison de Cusano Milanino pour célébrer en famille les 70 ans de sa mythique marque. Le monde du cyclisme est en deuil. Avec Alex et toute l’équipe de Top Vélo, je pleure un guide et un ami cher.
Ugo De Rosa, la noblesse et le talent…
Il était la noblesse incarnée, le talent à l’état pur, l’intelligence alliée à la simplicité, le savoir-faire et l’imaginaire réunis. Mon ami Ugo De Rosa n’était pas seulement le fondateur de l’un des plus prestigieux labels de l’industrie du cycle. Cette marque De Rosa dont le symbole graphique était le cœur. Il était tout à la fois l’artisan-artiste et l’inventeur rebelle auteur de quelques-uns des plus fameux vélos de l’histoire du cyclisme. Eddy Merckx le considérait comme le meilleur cadreur de l’histoire. Et tout le peloton le désignait avec admiration et respect comme le Seigneur de Cusano Milanino. L’égal de Masi et de Colnago. Le frère d’arme de Tullio et Valentino Campagnolo.
À quelques semaines des 70 ans et du chef d’oeuvre
À 89 ans, il allait dans quelques semaines célébrer avec ses fils et ses amis le soixante-dixième anniversaire de son entreprise. En dévoilant un nouveau chef d’œuvre. Ce Settantaque tous les amateurs attendent avec impatience. Le destin en aura décidé autrement. Ce même destin qu’il évoquait régulièrement avec humilité lorsque nous parlions de tous ces champions de légende qui avaient couru sur ses vélos. Eddy Merckx, évidemment. Mais aussi Rick Van Loy, Francesco Moser, Moreno Argentin, Gianbattista Baronchelli, Alessandro Petacchi, Danilo Di Luca ou Paolo Savoldelli. Savoldelli, surnommé Il Falco (le faucon) pour son incroyable virtuosité en descente. Virtuosité qu’il attribuait à la géométrie exceptionnelle de ses vélos De Rosa. Et il ne parlait jamais qu’en souriant et en disant Zitto (Chut !) de tous ces coureurs venus faire réaliser dans ses ateliers leur cadre sur mesure qui serait ensuite peint aux couleurs de tel ou tel constructeur. Mais de mon côté je lui racontais en souriant la toute admiration de Bernard Thévenet, double vainqueur du Tour sur un Peugeot, dont le rêve était de courir un jour sur un De Rosa.
Demain les ateliers de Cusano Milanino seront en deuil. Mais longtemps encore l’esprit du Signor Ugo planera sur les établis.
Adieu Ugo De Rosa. Adieu mon ami…