Raymond Poulidor, devenu Poupou pour l’éternité, a quitté le peloton un jour de Noël, le 25 décembre 1977. Il avait 41 ans et tenait encore glorieusement sa place parmi les leaders du cyclisme international. Passant avec aisance du règne de Jacques Anquetil à celui d’Eddy Merckx, il avait signé une fabuleuse carrière d’athlète en dépit d’échecs réitérés dans la quête mélancolique du mythique maillot jaune.
Raymond Poulidor, star universelle et marque légendaire à lui tout seul, a quitté la vie le 13 novembre 2019. Il avait 83 ans et une « poupoularité » intacte, déclenchant enthousiasme et passion à chacune de ses apparitions lors des courses cyclistes, le Tour en premier évidemment, qu’il ne pouvait se résoudra à quitter.
Reporter aux 50 Tours de France, Daniel Pautrat fut surtout l’un des amis proches de Raymond Poulidor durant des décennies. S’attirant quelquefois la colère, heureusement passagère, du clan Anquetil. En guise d’hommage, il signe un livre passionnant qui retrace à grands traits édifiants une vie en forme de roman picaresque. Alternant récit vécu, interview, témoignages, rappels à l’histoire et anecdotes personnelles, il écrit et décrit à même le tissu social d’une France qui n’est plus. Celle des humbles et des ruraux désireux de s’élever à force de sueur, de travail et d’intelligence.
Depuis le grand regret d’avoir dû quitter l’école trop tôt, pour aider sa famille à la ferme, jusqu’à ce vrai faux regret de n’avoir jamais pu revêtir le maillot jaune du Tour de France, Poulidor nous est restitué entre émotions, déceptions, espoirs et francs éclats de rire.
Il aimait Cerdan et Bobet, admirait Robic et Coppi, se découvrait une passion pour le cyclisme en lisant Miroir Sprint, défiait les grands du peloton pro lors d’un mémorable Bol d’Or, découvrait le Monde à l’occasion de son service militaire et décidait finalement de dédier sa vie au vélo. A l’ombre d’un directeur sportif qui lui ressemble, l’incroyable Antonin Magne, sa blouse blanche et son béret. La France, toute la France !
De sa première grande victoire dans Milan-San Remo 1961, à son dernier podium du Tour en 1976, Poulidor pourra se targuer d’avoir remporté 189 victoires. Pas mal pour un éternel second…devenu l’ami de son vainqueur et meilleur ennemi, Jacques Anquetil.
« Le Roman de Poulidor », par Daniel Pautrat. Mareuil éditions. 232 pages. 19,90 euros.