Victoire Cento
L’exception par Victoire
Plus de 70 heures d’un admirable travail rien que pour le cadre. Les exceptionnels tubes de la série Cento de Columbus ont pris forme sur le marbre de Beaumont et le résultat est au-delà de nos rêves les plus fous. Lorsque Julien Leyreloup m’envoie les photos de la fabrication, la veille de Noël, je saute de joie. Je trépigne d’impatience, comme jamais auparavant. Cela fait dix années que j’essaye des vélos en tous genres et je n’ai certainement jamais été aussi impatient de recevoir un vélo.
Mais avant de vous parler de la livraison, il est nécessaire de vous parler en détail du projet qui a amené à la réalisation de ce vélo. Un projet commun entre les ateliers de Victoire, les marques Columbus et Campagnolo et le média Top Vélo.
Une idée d’idéal
Si vous nous lisez souvent, vous connaissez bien notre discours. Un discours quelquefois trop subjectif pour certains, mais parfaitement assumé. Privilégier les circuits courts, les produits européens et les marques historiques est essentiel à nos yeux. Une quête du vélo différent, essentiel et bien personnel. Une quête pour en revenir à l’essentiel : le plaisir. Plaisir des sensations en selle et plaisir des yeux ; mais aussi plaisir de s’offrir un objet qui n’est pas le résultat d’une étude marketing ficelée par quelques hommes (ô combien compétents !) avides de résultats financiers.Luka, soudeur de génie
Avant de pouvoir être soudé, un long travail de préparation a été nécessaire pour pouvoir positionner les tubes Cento sur le marbre. La série Cento bénéficie d’une douille de direction conique et d’un boîtier de pédalier entièrement usiné de forme conique lui aussi avec un diamètre de 50 mm au centre. Un profil de tubes qui a nécessité un travail particulier lors de la mise aux dimensions afin d’adapter parfaitement le profil de chaque pièce pour qu’elle s’adapte avec la plus grande précision. Et vous l’aurez compris, la douille et le boîtier de pédalier de forme conique ne facilitent pas le travail puisqu’il faut limer à la main le tube pendant plusieurs heures pour obtenir la perfection.Des tubes Cento aux caractéristiques assez incroyables que vous pouvez retrouver entièrement sur le site de Victoire ICI, et je vais vous en détailler les caractéristiques essentielles.
La poutre transversale a la plus grosse section jamais obtenue sur un tube Columbus avec 44 mm. Sa masse est celle d’un tube Zona de 31,7 mm, grâce à l’épaisseur incroyable de 0,4 mm !
Le tube de selle est conique avec un diamètre inférieur de 31,7 mm et un diamètre de 28,6 mm au niveau de la fixation avec la tige de selle. Un renfort brasé vient prendre place à cet endroit. Renfort ici largement retravaillé par les ateliers Victoire pour adapter le serrage de tige de selle maison.
Le tube supérieur ressemble beaucoup au tube de selle avec un profil conique et un diamètre plus important au niveau de la douille de direction. Au niveau du raccord avec le tube de selle, le diamètre est de 28,6 mm.
Les bases sont la représentation moderne de la fameuse série Max avec un profil ovale et un diamètre de 36 mm.
Les haubans sont les plus fins jamais créés par Columbus : 0,5 mm d’épaisseur et un profil biconique de 17 mm au niveau des passages de roues pour favoriser la rigidité.
Un design qui marque
Il y a des dessins, des formes qui marquent et dont on ne se remet jamais, impossible à oublier.
Vous savez, certains objets industriels s’approchent du qualificatif « d’œuvre d’art », même si la notion même d’objet de consommation tend à contredire cela, je reprends ici les propos d’Antonio Colombo, « il faut y aller doucement et ne pas appeler n’importe quoi art. On dit bien art de la pizza ». [Lire l’interview d’Antonio Colombo]
Personnellement j’ai été marqué par plusieurs objets industriels qui, j’ose le dire, ont redéfini des formes pourtant communes, tels le fauteuil Lounge Chair de Charles et Rey Eames ou la moto MV Agusta F4 de Massimo Tamburini, ou encore l’automobile Jaguar Type-E de Malcom Sayer et William Lyons. Des dessins qui ont fait date et figurent chacun dans des musées.
Quel point commun avec notre Victoire Cento, allez-vous me dire ?
L’émotion !
J’ai ressenti autant d’émotion lorsque je suis monté sur la selle du Victoire Cento que lorsque je me suis assis la première fois dans un fauteuil Lounge Chair, sur la selle d’une MV F4 ou dans le fin baquet d’une Type-E. Peut-être un idéal dans esprit, mais il existe bien des objets « manufacturés » capables de donner des frissons…
Entre le Lounge Chair de Charles Eames, la MV Agusta F4 de Massimo Tamburini et la E-Type de Malcolm Sayer et William Lyons, le Victoire Cento a toute sa place.
Chaque lettre du mot finition prend tout son sens
C’est Julien Leyreloup en personne, déjà auteur du style et de la géométrie, qui s’est occupé de la finition de notre Cento. Plusieurs dizaines d’heures de travail pour sublimer le chef-d’œuvre de Luka, le soudeur, en capolavoro. Une seule directive de notre part, nous souhaitions un vélo blanc.
Un vélo tout vêtu de blanc pailleté renforcé de nacre, avec le tube de selle peint en beige pailleté, couleur qu’on retrouve aussi sur les minimalistes logos Victoire.
6,8 kg, vraiment.
C’était l’un de nos objectifs lors de la création de ce vélo, être le plus proche possible de la barre fatidique des 6,8 kg, masse limite fixée par l’UCI pour l’usage légal en compétition. Un haut symbole pour une machine délaissant le carbone ! Et une folle gageure aussi. Une masse atteinte uniquement avec des composants de série dont la provenance est européenne et l’usage autorisé en compétition. Aucune pièce exotique, donc…Campagnolo Super Record, un choix évident
Il était inconcevable d’imaginer ce vélo équipé autrement que d’un groupe Campagnolo Super Record. Sans rien enlever au nippon Dura-Ace, le Super Record est plus qu’un simple groupe. Un mythe absolu qui trouve toujours sa place sur les plus belles machines des passionnés les plus avertis. Si côté fonctionnement un « roturier » Dura-Ace fait l’affaire, en ce qui concerne l’excellence des matériaux, de la finition et de la fabrication, seul le Super Record peut à ce jour être qualifié de produit de luxe encore fabriqué quasi artisanalement suivant les préceptes du légendaire Tullio Campagnolo.Sur la route
On ne le répètera jamais assez, mais la sensation de bien-être sur un vélo construit sur-mesure – c’est à dire précisément à vos cotes – est sans commune mesure avec celle ressentie sur un vélo standard, si haut de gamme soit-il. La position est donc parfaite et tout tombe sous la main. Aucune crainte d’avoir mal au cou, même après de longues heures de selle.
L’association des boyaux Veloflex Record aux roues Bora Ultra 35 donne des sensations exceptionnelles. Comme si je transperçais l’asphalte et roulais sur des diamants. À mille lieues de ce qu’on ressent avec la plupart des vélos équipés de pneus et de jantes exagérément larges, qui sacrifient toutes sensations sur l’autel de l’aérodynamisme et de l’efficience (en laboratoire). Non, à mes yeux rien ne remplace des boyaux légers et des jantes à boyaux. Rien !
Le confort en bénéficie également, grâce notamment aux capacités de filtrations des tubes acier. Sans aucun artifice, les cadres acier peuvent se prévaloir d’un confort que la plupart des cadres carbone dits « confortables » peuvent leur envier. Associé à un positionnement parfait grâce à une géométrie sur-mesure, vous comprendrez aisément pourquoi on se sent si bien sur ce type de vélos. À la grande différence que les vélos dits « confortable » ou encore « endurance » n’offrent pas les sensations de rendement et d’efficacité ici présentes. Bref, vous m’aurez compris, dès les premiers mètres, le Cento est une Formule Un confortable et facile d’accès. Et c’est le cas pour la plupart des aciers modernes que j’ai essayés récemment !
À un degré toutefois supérieur ici, car les tubes Columbus Cento apportent indéniablement une rigidité incroyable, sans aucune perte des qualités de l’acier. C’est dans les côtes et particulièrement en relance qu’on ressent le plus cela. On le sait, l’acier permet d’emmener un braquet plus important, il « pardonne ». Mais ici les relances ne souffrent absolument d’aucun temps mort. L’avant du vélo s’envole et l’arrière transmet la puissance de manière incroyable. Encore plus efficacement que sur le Lemond Washoe essayé il y a quelques années et qui était l’une de mes références en matière d’acier avec le Passoni Lightsteel. Je retrouve les sensations du FKC de François Kerautret, la facilité en plus.
Ai-je besoin de vous préciser que dans les descentes, l’inertie positive dont bénéficie l’acier, couplé à une géométrie très efficace, fait des merveilles ? Même si nous n’avons pas choisi un freinage disque, les étriers Super Record équipés des patins rouges Campagnolo offrent un freinage très énergique. Évidemment sous la pluie, il en serait autrement, mais à vrai dire, je n’emmènerai jamais une telle merveille sous la pluie… D’ailleurs qui emmène une Porsche GT2 RS équipée de pneus Michelin Pilot Sport Cup2 sous la pluie ? Personne !
Si vous le pouvez, offrez-vous une machine de ce type !
Évidemment le Victoire Cento n’est pas à la portée de toutes les bourses. Mais passée cette contingence hautement matérielle, le bonheur ressenti n’a vraiment pas de prix. Tout comme l’efficacité de la machine qui ne vous fera pas regretter un vélo en carbone. Le Cento vous donne du rêve et ne vous vend pas une quelconque fiche technique qui sera dépassée dans deux ans. Ce vélo est terriblement juste et les rêves sont immortels…
Sur le circuit d’essai Top Vélo
Un acier de course, voilà ce qu’est le Victoire Cento. Une machine sans aucune concession au rendement qui se mesure aux meilleurs vélos carbone sans le moindre complexe.
Sur l’asphalte parfait des premiers kilomètres de notre circuit d’essai, les boyaux Veloflex révèlent tout leur potentiel. Bien gonflés, ils sifflent à l’ancienne et j’ai le sentiment de rouler sur des pointes de diamant. Tout cela sans aucune perte de confort, bluffant.
Sur ce terrain plat, le Cento se montre à son aise. Évidemment je suis sur un grand braquet et la rigidité impressionnante du vélo me permet d’évoluer facilement à des vitesses supérieures à 40 km/h. Je ne ressens absolument aucun manque d’aérodynamisme.
Avant d’entamer la première côte, j’arrive sur une route en mauvais état. L’asphalte est « d ‘époque » comme diraient certains. Je passe à cet endroit plus vite qu’avec les vélos carbone aéro les plus affutés, qui sur ce terrain sautent trop. Rien de cela avec le Victoire qui lisse de manière incroyable toutes ces imperfections.
J’arrive dans la première montée, la plus pentue du circuit Top Vélo. La plus courte aussi. Avec les meilleures machines, elle se passe sur le grand plateau. Et c’est le cas avec le Victoire qui me donne des sensations dignes des meilleurs vélos en carbone. Je pense notamment au Canyon Ultimate CF SLX, à l’Origine Axxome RS ou au Specialized Tarmac S-Works. Facilité de changement de rythme et aucune douleur dans les jambes. Récupération au sommet avant d’attaquer la deuxième montée. D’habitude je repasse sur le petit plateau, mais le groupe Campagnolo à 12 vitesses offre une telle facilité de croisement de la chaîne que j’opte encore une fois pour le grand plateau. Un grand plateau que j’ai conservé tout le long ! Deuxième montée, plus longue et un poil moins pentue. Je croise la chaîne de manière à tourner plus vite les jambes. En danseuse, la rigidité de l’arrière du vélo est importante et la traction se montre maximale. Le boîtier de pédalier surdimensionné joue un grand rôle ici. L’avant ne bouge pas, c’est un réel plaisir. Je n’ai que des louanges à faire au cintre Fi’zi:k Cyrano 0.0.
Je baisse le rythme arrivé au sommet avant la descente. Ici le vent souffle souvent de côté et les roues Bora 35 me rappellent qu’un profil de 50 mm comme c’est désormais bien souvent la norme n’est pas toujours idéal. Bref je ne suis pas trop gêné par le vent ! J’aborde la descente à vive allure comme toujours. Le freinage du premier virage en dévers requiert une bonne tenue du vélo qui a tendance à se tordre sous le couple du freinage et la poussée du virage. Sur terrain sec, les boyaux Record offrent une tenue de route surprenante. Sur le mouillé en revanche, il y a fort à parier qu’ils ne soient pas les meilleurs… J’écrase les freins et je passe avec une grande facilité. Le vélo réagit vivement à mes changements de trajectoire et reste toujours précis. Et comme je l’avais déjà écrit, l’inertie positive des tubes acier permet de conserver la vitesse. Ne cherchez pas, une référence en descente !
J’arrive tout de suite dans la troisième et dernière montée, plus roulante. Je reste assis et pédale en force. L’occasion de me concentrer sur le vélo, les bruits et les sensations qu’il distille. Je sens que la friction du groupe Super Record est minimale et toute la transmission se montre très silencieuse. J’apprécie toujours autant l’ergonomie des leviers Campagnolo, surtout en freinage classique. Quel bonheur d’avoir des leviers adaptés à la forme de mes mains, à l’heure du freinage disque et des leviers gigantesques qui sont désormais monnaie courante ! Le temps de ces réflexions personnelles et je suis au sommet, tout juste essoufflé…
Dans la descente qui rejoint le point de départ, je suis à près de 80 km/h (une descente très rectiligne, avec de grandes courbes qui ne requièrent aucun freinage), la stabilité est maximale, je suis en pleine confiance. Et heureux.
Victoire Cento
- Plat 85%
- Montagne 90%
- Descente 90%
- Rigidité 85%
- Nervosité 85%
- Rendement 85%
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Plat
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Montagne
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Descente
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Rigidité
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Nervosité
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Rendement
Fiche technique
(À noter que le Cento n’est produit par Victoire qu’en série limitée à 10 exemplaires. Le Cento de notre essai porte symboliquement le numéro 1.)
Équipement
Tenue Columbus Cento
Chaussures Time
Casque Kask
Lunettes Vuarnet
Tarif & poids
environ 14 000€
6,8 kg