Édito Août 2020
Disques ou patins, la guerre des freins…
Logiquement, compte tenu de la pression des constructeurs et des équipementiers, on aurait pu imaginer l’adepte des sous-bois vouloir doter son pur-sang d’un freinage à disques. D’autant plus logiquement que les Strade Bianche sont pour l’essentiel disputée sur des pistes et des chemins plus propices à l’utilisation des disques, surtout dans le cas où la pluie se mêlerait de compliquer la situation.
Au mépris de ces considérations, notre ex-Champion du Monde de cyclo-cross aura survolé la désormais prestigieuse épreuve toscane avec son Bianchi équipé des traditionnels patins.
Son explication ? « Plus simple, plus rassurant et surtout plus rapide en cas de changement de roue. Et finalement au moins tout autant efficace. Le vélo ce n’est pas la F1 ou la Moto GP ! »
Pas facile à digérer pour les pontes du marketing qui imposent depuis deux années déjà le freinage disques à un marché qui oscille entre complexe du mouton et affirmation du droit au choix et donc à la différence. L’opération allant très loin puisque nombre de constructeurs ne proposent désormais leurs nouveautés qu’en freinage disques. D’autant plus difficile à digérer que le même Wout Van Aert doublait la mise un peu plus tard en triomphant, toujours avec son Bianchi à freinage patins, dans un Milan San Remo d’Anthologie.
Wout Van Aert. 8 Août 2020 – Milano – Sanremo – Photo Sirotti
Alors, mauvaise passe médiatique pour le freinage à disques ou belle résistance du freinage à patins par le biais de champions désireux de choisir le système à la fois le plus performant, le plus fiable, le plus simple et aussi le moins dangereux en cas de mauvaise chute ?
Difficile à déterminer. Même si dans leur majorité les coureurs préfèrent encore ouvertement le freinage à patins tout en reconnaissant l’efficacité indiscutable du disque, sur le mouillé.
Tout en se pliant aux ordres ou aux diktats de leurs constructeurs. Ce qui donne un peloton disparate techniquement et paranoïaque côté light.
Avec un poids minimum des vélos toujours fixé par l’UCI à 6,8 kg la majorité des machines de pro avaient déjà du mal à être à moins de 7 kilos. Aujourd’hui ce serait plutôt 7,5 kg voire plus encore. Sauf pour quelques-uns, dont les constructeurs arrivent à proposer des machines à disques légères, au poids limite (Factor VAM, dernier Specialized SL7, Canyon, Trek…).
Même chose évidemment pour les vélos des cyclo-sportifs… Les nouvelles machines, top de gamme ou pas, proposées par la majorité des constructeurs ont pris un embonpoint de plusieurs centaines de grammes, voire d’un bon kilo.
« Le poids du marketing », nous dira en souriant un ami mécano d’équipe pro…