En 2018, la prestigieuse marque belge a célébré son vingtième anniversaire avec bonheur. Visite chez des gens marqués par la passion du cyclisme et la volonté de l’excellence. Ces Flamands qui n’en finissent plus de nous surprendre par les performances de leurs vélos.
Belgian Cycling Factory. We are Belgium. Tested on Pavé.
Une litanie de slogans qui en disent long sur l’esprit qui anime depuis deux décennies la marque Ridley. Et sur sa façon d’exprimer sa capacité de résistance face aux multinationales du secteur en affirmant son identité et en cultivant sa différence. C’est ce même droit-devoir de résistance et d’affirmation de la différence que met en avant Filip Heylesonne, event-manager Ridley, lors de mon arrivée à Hasselt, la capitale de cette région flamande du Limbourg dont l’un des fleurons industriels est la marque de cycles Ridley.
Ex-officier de l’armée de l’air belge, Filip incarne assez bien la volonté de Ridley de s’entourer des meilleurs collaborateurs. Quelles que soient leurs formations ou leurs origines. Une seule double exigence. La passion du cyclisme et le savoir-faire.
Passée en quelques années du stade artisanal à l’argument industriel high-tech, la marque belge œuvre aujourd’hui dans un contexte sportif et médiatique sans commune mesure avec son origine modeste. Tout en en perpétuant les valeurs. Jochim Aerts, l’omniprésent patron-fondateur, se souvenant sans problème de ses humbles débuts dans le garage paternel. Et magnifiant cette expérience originelle en faisant de Ridley une entreprise industrielle persévérant avec obstination à préserver ses vertus artisanales.
L’ensemble de bâtiments modernes qui nous fait face ce matin d’hiver flamand, sans soleil mais avec bruine et crachin, tient d’ailleurs des deux mondes. Le post-moderne avec la rigueur des lignes structurelles, l’artisanal et l’humain avec des ateliers multiples organisés en pôles dédiés à telle ou telle activité. Le design, ici, dans des bureaux presque cosy. La conception et l’ingénierie, là-bas, au cœur d’un vaste loft version atelier d’artiste. La déco, un peu plus loin, en contre-bas du vaste show-room aménagé en version « Ronde » avec un coin estaminet typiquement flamand.
Au rez-de chaussée, dans de larges halls fortement éclairés, les ateliers de peinture et de finition des cadres. Et un peu plus loin, dans un hall plus technique, les ateliers de montage des vélos. En liaison directe avec les immenses entrepôts où attendent des milliers de références, cadres ou groupes.
Filip Heylesonne prend plaisir à ne rien nous dissimuler. À tout nous faire découvrir. Nous laissant systématiquement le temps de saisir la réalité d’un atelier ou même de dialoguer avec les personnels. Ridley, sauf pour ce qui est des prototypes, n’a pas de culture du secret.
« Chez nous tout est clair », me déclare-t-il en souriant. « De la conception à la fabrication et au montage, nous n’avons rien à cacher. Ridley c’est comme ça. Une volonté de perpétuer les valeurs humanistes et artisanales belges. Et de les partager avec ces autres nous-mêmes que sont nos clients partout dans le monde. »
Concrètement, Ridley conçoit ses prototypes de cadres et de vélos complets. Puis la fabrication des cadres carbone est confiée à un partenaire asiatique, le même depuis quinze ans. Les cadres bruts sont réceptionnés à l’usine en Belgique et systématiquement vérifiés avant que d’être envoyés en peinture et en déco. Avec très souvent une finition custom réalisée spécifiquement pour répondre aux demandes de personnalisation des clients les plus perfectionnistes. Ce que Ridley fait déjà régulièrement pour les coureurs de ses teams partenaires. À commencer naturellement par Lotto Soudal et ses vedettes Andrei Greipel, Maxime Montfort ou Jasper De Buyst, dont le superbe Noah SL sera d’ailleurs confié à notre rédaction pour un test exclusif. Ridley voulant de toute évidence nous prouver que les vélos de ses champions sont équivalents à ceux de ses clients…
Plusieurs heures de visite plus tard, y compris l’extension impressionnante des locaux du bureau d’étude, encore renforcé à l’occasion des vingt ans de la marque, nous accédons au bâtiment administratif. Les bureaux des principaux collaborateurs de Jochim Aerts y sont aménagés en open spacepaysager. Gage de convivialité et de partage des informations. Avec tout au bout le bureau vitré, largement ouvert, de Joachim Aerts. Un patron version compagnon de route, dont l’enthousiasme et l’engagement rythment les journées chargées d’une marque définitivement majeure.