Qui règnera sur le peloton en 2021 ?
Oublié, déjà, Chris Froome. Pour le quadruple vainqueur du Tour, 2021 ce sera stop ou encore. Même si le contrat signé avec le team Israël Academy porte sur plusieurs saisons. Un acte manqué en 2020, suite à un terrifiant accident survenu la saison précédente, et voilà l’histoire du cyclisme qui se réinvente avec un évident changement de génération. Même tronquée de plusieurs épreuves de légende. Même réduite à cinq mois. Même privée des affrontements mémorables imaginés-espérés durant l’hiver. Même effacée côté Français, exception faite du très glorieux Julian Alaphilippe. La saison qui s’achève aura paradoxalement signifié un véritable renouveau. Avec l’affirmation ou l’avènement, suivant le cas, de jeunes champions enthousiasmants qui font mentir Bernard Hinault ou Francesco Moser. Ces vieilles gloires qui énonçaient sentencieusement depuis des années que le temps des géants était révolu. Comment en effet ne pas sourire de plaisir à la vue des performances ahurissantes et réjouissantes réalisées par Van der Poel, Van Aert, Ganna, Geoghengan Hart ou plus encore, Alaphilippe et Pogacar ? Sur les classiques comme sur les grands tours ces néo-champions ont offert un formidable spectacle à un public privé d’exploits et de héros. Seul Bernal ayant fait mentir sa réputation de futur ogre. Pour un temps seulement, sans doute. Il faut se souvenir que l’immense et sublime Anquetil devra attendre trois années avant de rééditer sa première victoire dans le Tour survenue en 1957… Le temps ne joue donc pas en défaveur du jeune Colombien. C’est d’ailleurs ce qu’affirme son compatriote Quintana. Globalement 2020 aura donc été la saison du défi jeunes. Même si à la fin le jury du Vélo d’Or international aura sacré le demi-vieux Roglic plutôt que Pogacar ou Alaphilippe.
Alors que va nous réserver 2021 ?
Sur les Classiques, la bataille sera rude pour la victoire et la suprématie. Avec un Alaphilippe capable de vaincre sur tous les terrains, avec Van Aert et Van der Poel, tous deux pétris de classe et d’arrogance joyeuse. Avec Evenepoel aussi et peut-être surtout. Ce « Remco-turbo » comparé suivant l’épreuve à ses illustres compatriotes Rick Van Loy ou Eddy Merckx. Sur les grands tours Roglic aura fort à faire face au poulain d’Ernesto Colnago, le surdoué Pogacar. Un duel annoncé qui pourrait bien être arbitré par Bernal et Carapaz. Et pourquoi pas aussi par Evenepoel qui aurait certainement pu jouer la victoire sur le dernier Giro si une maudite chute sur le Tour de Lombardie ne l’avait mis hors-jeux pour plusieurs mois. De surdoué à surdoué, il ne faudra pas oublier Ganna. Littéralement imbattable sur le contre la montre, le prodige italien est déjà présenté comme le successeur de Baldini et aussi comme le futur recordman de l’heure, capable d’effacer les 55,089 km de Campenaerts et de faire exploser le mur des 56 kilomètres dans l’heure.
Reste enfin la déception française suscitée, une nouvelle fois, par l’échec-naufrage du duo Pinot-Bardet. Problème de mental pour le premier. Problème de choix pour le second. Dans un cas comme dans l’autre, il apparaît désormais comme totalement illusoire d’imaginer l’un des deux viser la victoire sur le Tour de France. Seul Alaphilippe, peut-être…