C’est dans un marché en pleine explosion qu’Orbea se lance, celui des vélos de course à assistance électrique. Si certains sont capables de rouler à plus de 60 km/h (débridés) sur le plat et que d’autres se destinent aux cyclistes entrainés, le Gain s’adresse indéniablement à un panel de cyclistes bien plus large. Simple d’utilisation, sa ligne est dégagée grâce à son moteur intégré au moyeu arrière. Le voilà à l’épreuve de la route et du Ventoux.
Un cadre alu moderne
En dehors d’un moteur, un vélo électrique c’est aussi un cadre. Et notre Orbea s’appuie sur un châssis en aluminium à la ligne sportive. Sportive d’apparence car il ne faut pas oublier qu’avec ses plus de 13 kg, le vélo n’est pas une ballerine et que le cadre doit faire au moins 2,5 kg. Les soudures sont épaisses et bien réalisées, même si on aurait pu les souhaiter polies. On remarque que les bases sont très longues, signe d’une volonté de donner un comportement stable à la machine. La douille de direction est haute et les tubes plutôt courts. Bref, un cadre compact, agréable à regarder d’autant plus que notre exemplaire de test bénéficie d’une belle couleur orange qui ne vous fera pas passer inaperçu.
Les cinq tailles disponibles conviendront à un large spectre d’utilisateurs, attention cependant aux personnes entre deux tailles de ne pas prendre un vélo trop grand…
Un moteur dans le moyeu arrière et un groupe avec un grand G
Contrairement à la plupart des vélos à assistance électrique du commerce qui disposent d’un moteur dans le boitier de pédalier, Orbea a choisi la voie du moteur dans le moyeu arrière. Rendant le vélo plus compact, plus beau et plus athlétique, cette solution a aussi l’avantage de se montrer plus légère, au détriment de la puissance pure. Le moteur est signé Ebikemotion, modèle X35. Capable de délivrer une puissance de 250 watts, il pèse 3,5 kg et séduit pas sa relative simplicité. Un capteur détecte le pédalage et c’est tout, l’électronique fait le reste. On remarque que des câbles électriques courent sous le vélo, sortant du boitier de pédalier (de la batterie, située dans la poutre) et allant rejoindre la roue arrière.
Côté fonctionnement, tout s’articule autour d’un seul bouton situé sur le tube supérieur. Un appui pour allumer le système et un deuxième appui pour sélectionner le niveau de puissance. De blanc à rouge en passant par vert et orange. L’indication de niveau se fait par un court appui sur le bouton en fonctionnement ou s’affiche lors du lancement du système. Ici aucun écran ne vient renseigner sur la puissance appliquée ou la vitesse instantanée. Mais ces informations sont disponibles sur smartphone via le protocole Bluetooth.
La batterie de 250 w/h et 36V doit être capable de parcourir environ 80 km comportant 1500 m de dénivelé positif. Nous en reparlons un peu plus loin… Vous aurez remarqué le groupe Shimano Ultegra qui équipe la version D20 du Gain. Un super groupe au demeurant qui brille par son fonctionnement irréprochable mais qui ne se montre pas vraiment utile sur ce vélo. Ou alors pas avec les roues actuelles qui sont tout sauf performantes. Elles font le job, mais sans moteur ne rêvez pas, vous serez collé à la route, aucune sensation ! Le même vélo équipé du Shimano 105 permettra d’économiser quelques euros, de quoi se faire monter des roues plus performantes !
On salue par contre les composants FSA Energy (tige de selle, cintre et potence) ainsi que la selle Prologo, de très belle facture.
Sur la route
Nous avons pu mettre à l’épreuve ce vélo sur des parcours très variés. D’une simple sortie d’une trentaine de kilomètres à l’allure d’une balade à la montée du Mont Ventoux pour un jeune novice, effectuée en 1h45. Le confort est indéniable. Normal avec des pneus larges, mais aussi grâce à la géométrie pas trop sportive qui permettra même aux débutants de se faire plaisir. En effet, le Gain D20 n’est pas un pur sportif.
Lors de notre sortie à paisible allure, le vélo s’est montré très agréable. Prévenant, on peut compter sur son moteur pour faire face aux pentes les plus pentues. Sur le plat sous les 25 km/h, même sensation, tant qu’il y a de la batterie on peut continuer à évoluer et se faire plaisir. Côté autonomie, aucun souci quel que soit le mode utilisé. À propos du mode, on oubliera le « blanc » et on restera volontiers sur le « vert », laissant les « orange » et « rouge » pour les montées.
La seconde partie de notre essai s’est déroulé dans le Mont Ventoux, distant de 7 km de nos locaux. Pour un cycliste entrainé, l’usage d’un tel vélo n’a pas de réel interêt en dehors de vouloir battre un record en trichant.
Non, le vélo électrique doit permettre aux personnes normales d’accéder à ces hauts sommets qui sont d’ordinaire réservés aux bons. Pierre-Charles, 18 ans et d’ordinaire footeux, fut notre cobaye. Le départ s’est effectué tôt le matin pour éviter la canicule ambiante de ces jours d’août, batterie rechargée toute la nuit et usage du moteur seulement à partir du pied du Ventoux, les sept kilomètres reliant Mormoiron à Bédoin ayant été parcourus à la seule force des jambes.
Commençant sur le mode « vert » pour ne pas trop attaquer la batterie, le mode « orange » sera utilisé à partir du virage de Saint-Estève, là où la pente dépasse allègrement les 10 % et semble ne jamais faiblir jusqu’au Chalet Reynard. La vitesse est bonne, aux alentours de 11-14 km/h. Pierre-Charles s’entame mais tient le coup. À partir du Pavillon de Rolland il commence à faiblir, et l’allure ralentissant, se trouve moins à l’aise sur le vélo (question d’équilibre). Je le fais donc passer dans le mode « rouge », c’est-à-dire à bloc. La vitesse passe à 15-17 km/h, je suis dès lors à fond pour le suivre. À ce moment, le voyant de batterie passe du vert à l’orange, nous sommes à la moitié de l’autonomie et à la moitié de l’ascension du Géant de Provence. Nous resterons sur le mode « rouge » pendant deux kilomètres avant de repasser en « vert » à un kilomètre du Chalet, là où la pente se montre enfin plus clémente.
Passé le Chalet, on repasse en « orange » jusqu’à ce que la batterie se mette à afficher rouge. C’est bientôt la fin et il reste quatre kilomètres. On essaie de couper le moteur pour préserver la batterie car le dernier kilomètre est terrible, mais Pierre-Charles est à la peine avec les 13,4 kg de l’Orbea. Mode « vert » jusqu’à ce que la batterie rende l’âme à hauteur de la stèle Tom Simpson. Un signe… Je finirai la montée en poussant Pierre-Charles, avec un honorable temps de 1h45 pour son premier Ventoux !
Le moteur tient ses promesses, mais l’autonomie est un poil faible pour s’attaquer à un col de la trempe du Ventoux. Il faudrait avoir recours à la batterie supplémentaire qui se fixe sur le porte-bidon.
Ne pas le prendre pour ce qu’il n’est pas
Le Gain n’est pas un vélo électrique de course. J’entends par là qu’il ne sera pas la machine idéale si vous souhaitez l’utiliser pour suivre vos amis lors de sorties dominicales et essayer de les lâcher au sommet des côtes. Son moteur manquera de peps et son comportement peu sportif vous laissera sur votre faim. Il sera par contre le compagnon idéal pour un pratiquant de niveau moyen, désireux de se faire plaisir à vélo sans se faire mal physiquement. On a hâte de tester le modèle carbone !
Cadre Orbea Gain Aluminium – Fourche Orbea carbone, flat-mount – Groupe Shimano Ultegra – Composants FSA Energy – Selle Prologo Kappa Space – Tige de selle FSA SL-K – Pneus Kenda – Poids 13,45 kg – Tarif 3399 euros