Édito Janvier 2020
SAISON 2020
Le cyclisme redevient un art de combat (Dixit Johan Museeuw)
Des noms étranges, venus le plus souvent d’ailleurs autrefois étrangers à l’univers du cyclisme. Des athlètes jeunes et surdoués. Des teams qui entendent révolutionner la course cycliste. Depuis la préparation des athlètes jusqu’à la manière de théoriser l’épreuve avant la course elle-même. Étrangement, ou miraculeusement, la révolution culturelle du cyclisme contemporain est survenue durant l’année 2019, celle du centenaire du Campionissimo Fausto Coppi, qui le premier révolutionna le cyclisme à l’orée des années cinquante. Et la saison 2020 sera peut-être la première de l’ère nouvelle. Avec un cyclisme redevenu finalement un art de combat.
Les Egan Bernal, Richard Carapaz, Tadej Pogacar, Primo Roglic et autres Mathieu Van der Poel, Filippo Ganna ou Remco Evenepoel font irruption dans la saga des pelotons. Avec la force de la jeunesse et la capacité, devenue si rare, à dépasser les conventions étroites d’un peloton stéréotypé jusqu’à l’ennui.
Il y a là tous les types de guerriers réunis pour former une incroyable légion étrangère engagée dans la formidable bataille du renouveau. Grimpeurs d’exception, comme Bernal ou Carapaz, rouleurs de classe, tels Ganna et Evenepoel, condottieres tous terrains, à l’image de Roglic, Pogacar et Van der Poel.
Pavillon en berne pour la France alors ? Pas vraiment. Même si la relève aux inoubliables Bernard Hinault et Laurent Fignon tarde à venir. Il y a Pinot et Bardet. Deux beaux champions qui semblent avoir atteint leur maximum depuis deux saisons. Et puis Julian Alaphilippe. Digne successeur de Voeckler le magnifique. Mais personne pour relever le grand défi du Tour, du Giro ou de la Vuelta. Comment imaginer un Français dominer en montagne ou dans les chronos des athlètes ultimes comme Bernal ou Roglic ? Sans parler des stars confirmées, en plein retour, du type Froome, Dumoulin, Quintana ou Thomas.
Il y a certes eu des espoirs. A commencer par l’évanescent David Gaudu, que Top Vélo a un temps considéré comme un grand en devenir. Mais rien ne s’est vraiment concrétisé. David se contentant apparemment de jouer les équipiers de luxe pour Pinot…
Peut-on imaginer un seul instant Evenepoel dans le même rôle ?
Alors la saison 2020 sera très certainement celle du renouveau. Mais c’est à la légion étrangère qu’elle le devra. Cette Légion qui redonnera enfin au cyclisme sa dimension d’art de combat. Pour le plus grand bonheur de ces millions de passionnés littéralement anesthésiés par le spectacle désolant de ces étapes désespérantes d’ennui.
Pour l’immense Johan Museeuw, triple vainqueur de Paris Roubaix et de Tour des Flandres, il faut se réjouir de voir arriver cette nouvelle génération de guerriers.
« Le cyclisme c’est d’abord la guerre. La guerre totale. Avec un état d’esprit qui échappe aux conventions. En 2020 cette nouvelle génération va réinventer le vélo que nous aimons. Sagan avait commencé à tout faire exploser. Mais il était seul. Maintenant ils sont plusieurs. C’est génial pour le spectacle ! »
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