Bertin HMI
La marque Bertin fait encore parler d’elle et étoffe sa gamme vers le très haut niveau avec le HMI. Comprenez par là Handmade in Italy. Oui, une machine carbone d’exception, fabriquée en Italie sur-mesure, ça existe encore ! On l’a testé et on vous en dit plus à son sujet dans ce Supertest.
Handmade in Italy
Un magnifique cadre
Pour être clair, le cadre HMI est magnifique. D’abord sa forme classique, mais tout à fait actuelle, en fait une machine de grande classe qui assurément vieillira bien. Ensuite on apprécie son serrage de tige de selle intégré ainsi que son poste de pilotage qui fait transiter toute la câblerie en interne. Un poste de pilotage qui a l’avantage d’être entièrement réglable. La finition quant à elle impose le respect. De l’application de la peinture au carbone délicatement laissé apparent sous le vernis, pour garder visible la couche de carbone, qui n’est pas une couche de finition comme c’est souvent le cas, car le carbone est celui qui officie pour le rendement du vélo. On aperçoit d’ailleurs les différents empiècements dont l’orientation varie en fonction de leur application. Un ensemble de carbone T1100 moulé d’une seule pièce pour le tube diagonal et la douille de direction afin d’optimiser la rigidité tandis que le reste du cadre fait appel à du T800. On remarque le souhait d’opter pour un boîtier de pédalier au standard BB30 afin d’augmenter la rigidité et le transfert de puissance. Ce que le poids du cadre confirme, car avec 900 grammes (avec peinture), Bertin n’a pas recherché le gain du gramme de trop, mais au contraire l’efficacité. Quelques mots concernant la personnalisation ou encore la géométrie. C’est bien simple, vous pouvez réaliser ce que vous souhaitez. Si la fabrication du cadre est italienne, la finition (peinture et montage) est réalisée en France, à Quimper.Un poste de pilotage totalement intégré
C’est la mode aujourd’hui, les constructeurs intègrent toute la câblerie dans le poste de pilotage, souvent au détriment de l’ergonomie. Pas chez Bertin, puisque la marque a choisi d’associer le système ACR de FSA à des cintres et potences spécifiques, développés en interne. Le tout forme un poste de pilotage entièrement réglable, dont on peut aisément choisir la taille du cintre et de la potence et régler le tout comme on le souhaite. Une donnée essentielle pour être posé à la perfection, à mille lieues des traditionnels discours marketing sur l’aérodynamisme de tel ou tel ensemble monobloc. Bien joué !
Le choix du freinage disque
Bertin a choisi de proposer son HMI uniquement avec un freinage à disque. Un choix qui pourra choquer les puristes et autres ardents défenseurs du freinage patins qui arguent qu’un vélo d’exception ne se conçoit qu’avec des patins. C’est un choix de la marque qu’on peut défendre par l’aspect sécuritaire qu’apporte le disque, mais également par le fait qu’il faut vivre avec son temps. À vous de vous faire votre idée, chez Top Vélo on trouve que le freinage disque sied bien au HMI…
Sram Red eTap et roues maison
Disponibilité oblige et temps limité font que notre machine d’essai reçoit un groupe Sram Red eTap, et non AXS. Rien de dramatique, bien au contraire, tant l’« ancien » eTap se montre doux et silencieux en comparaison du nouveau AXS. Et de toute manière chez Bertin, le montage se fait à la carte, vous pourrez donc choisir le groupe de vos rêves pour équiper le HMI. On s’attarde plutôt sur les composants de ce vélo. Le poste de pilotage, je l’ai écrit plus haut, intègre la câblerie tout en offrant les mêmes possibilités de réglages qu’un ensemble cintre-potence classique. La tige de selle de 27,2 mm de diamètre bénéficie d’un serrage intégré dans le cadre et son chariot se règle facilement moyennant deux vis. Simple, fiable et esthétique. Les roues retiennent notre attention. Ce sont elles qui donnent le mouvement au vélo et contribuent activement à son rendement. La marque dispose de ses propres roues, qui équipent ici le HMI. Des jantes de 38 mm compatibles Tubeless, des moyeux aluminium, des rayons croisés par deux pour une masse totale de 1487 grammes. Elles devraient faire le job.
Sur la route
Je me retrouve posé aux petits oignons sur le HMI. La selle Repente se montre très convaincante et offre un lien parfait avec la machine. Je ne pourrais pas en dire autant des énormes poignées Sram Red qui, dans leurs versions à freinage disque, oublient les cyclistes aux petites mains. Ici Shimano ou Campagnolo offrent une ergonomie bien supérieure qui permet d’augmenter plus encore le lien du cycliste à sa machine. Sur le plat, les relances sont directes, néanmoins c’est ici que les pneus Vittoria avouent leurs limites. S’ils se montrent particulièrement confortables et offrent une tenue de route de très haut niveau, je trouve leur comportement assez inerte lors des relances. Disons qu’ils filtrent un peu trop le ressenti de la route. On peut améliorer cela en augmentant légèrement la pression mais c’est, je dirais, commun aux Vittoria Graphene. Histoire de sensations ! Dans l’exercice, le cadre HMI acceptera sans broncher n’importe quel type ou gabarit de coureur. Le boîtier de pédalier BB 30 est bien bridé et l’arrière compense juste ce qu’il faut. L’avant se montre très précis et le poste de pilotage rajoute une couche de rigidité. En bosse, on profite encore de la rigidité du cadre. Il est clair que celui-ci donne le meilleur de lui-même dès lors qu’on est capable d’emmener un grand développement. Assis en tournant les jambes, on avance vite mais l’impression de facilité est moindre. À noter que les forts pourcentages ne lui font pas peur, même avec les roues Bertin qui équipent notre vélo d’essai. Avec un train roulant plus haut de gamme, la machine s’envole et on profite alors au maximum des capacités du cadre. C’est aussi valable sur le plat ! Dans les descentes, le HMI est un rail. Sa partie avant très rigide permet de placer le vélo comme on le souhaite. Ensuite il enroule et tourne toujours. L’adhérence des pneus Vittoria permet de passer encore un peu plus vite. A contrario ça n’est pas la machine la plus amusante lorsque ça descend. On va vite, efficacement et en sécurité. Le confort est surprenant. Lors de mes premiers mètres à ses commandes, sa rigidité m’indiquait que la filtration des chocs allait être un point faible. Pas du tout. L’avant sait se montrer conciliant en vertical et la tige de selle de petit diamètre se déforme idéalement. Je n’ai jamais été secoué. Mention très bien à la selle Repente qui m’a convaincu dès ma première sortie avec le vélo.
Sur le circuit d’essai Top Vélo
Les quelque centaines de kilomètres parcourus aux commandes du HMI ont laissé entrevoir un comportement de machine de compétition. Rigide à souhait, le HMI est là pour performer.
Et il performe dès les premiers mètres. Sur le plat, le ressenti offert par les roues est assez agréable. L’ensemble cadre/train roulant est ici particulièrement efficace.
Sur les dos d’âne, les pneus Vittoria Tubeless offrent une bonne filtration et je ne subis aucun point dur dans le vélo. J’entends par là que l’avant et l’arrière de la machine réagissent de manière homogène.
Une homogénéité qui s’en ressent lors des relances. La machine ne fait qu’un bloc solide. L’avant est très rigide et permet d’appliquer beaucoup de force dans le haut du corps pour balancer le vélo. Très utile aussi lors des sprints…
J’arrive dans la première côte de notre circuit d’essai. Très pentue avec des passages à 15 %, elle offre moins de deux minutes d’ascension mais brûle toujours les jambes. Ici je passe évidemment sur le gros plateau, « à l’injection ». Un effort très intense.
Le cadre me met particulièrement à l’aise dans cet exercice. Les roues finissent par montrer leurs limites, mais rien d’anormal et vu leur tarif, on ne peut absolument rien leur reprocher. Je repasse au même endroit quelques jours plus tard avec les Bora One 35 Disc, mes roues références, et le Bertin HMI s’en trouve sublimé. En quelques mots, sur une côte de ce type et équipé des roues adéquates, il permet de faire pratiquement ce que vous voulez du moment que vos jambes suivent.
Petite récupération avant d’attaquer la deuxième partie. Un peu plus longue avec plus de 3 minutes d’ascension, toujours avec des pentes qui avoisinent les 15 %. Je reste au début sur le grand plateau pour terminer sur le petit. Je trouve le HMI plus à l’aise en force que sur le petit plateau, en tournant les jambes.
Belle portion plane avant d’entamer la descente. Je repasse sur le grand plateau et relance l’allure. Le tout avec une facilité déconcertante. Mains en bas, le cintre offre une position optimale. Il est compact comme il faut, son drop n’est pas trop important et surtout sa partie basse assez longue permet une prise en main parfaite.
J’arrive lancé dans la descente et j’aborde le premier virage à pleine vitesse. À environ 75 km/h, je plante les freins. Le système à disque réagit sans à-coups. La décélération est puissante et facilement dosable. Aucun doute sur le fait que ce système de freinage me permet de ralentir plus tard qu’avec un système à patins.
Dans l’enfilade, la tenue de route est sans reproche. Je place le vélo au millimètre, et si le HMI n’est pas le vélo le plus joueur qui soit, sa stabilité me rassure.
Dernière ascension plus longue mais moins pentue que les deux premières. J’enroule à 70 % de ma capacité du moment. La machine est très agréable et accepte de rouler loin de ses capacités maximales. Traduction : pas besoin de rouler à bloc pour se faire plaisir !
Bertin HMI
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Plat
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Montagne
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Descente
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Rigidité
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Nervosité
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Rendement
- Plat 85%
- Montagne 75%
- Descente 90%
- Rigidité 90%
- Nervosité 85%
- Rendement 85%
Fiche technique
Cadre Bertin HMI, fabriqué en Italie (900 grammes)
Fourche Bertin full carbone
Groupe Sram Red eTap
Roues Bertin 38 RG38D Tubeless (1487 grammes)
Pneus Vittoria Corsa Graphene 2.0 Tubeless
Cintre Bertin carbone
Potence Bertin carbone
Tige de selle et selle Bertin carbone et selle Repente
Tenue
Combinaison MS Tina by Serena Riddle
Chaussures Time
Casque Kask
Lunettes Vuarnet
Poids 7,3 kg
Tarif 8 899 euros