Bertin C38

par | Déc 20, 2018 | Les essais, Vélos de route

Bien que certainement connus par certains d’entre vous, du Nord de la France ou de Belgique, les cycles Bertin gagneraient à l’être encore plus. La marque, créée par André Bertin en 1946 puis restée à l’abandon ces dernières années, a été reprise par Mickael Bertin et redéposée à l’INPI en 2016. Une renaissance en bonne et due forme et des modèles de vélos assez intéressants. Voici le C38 !
Bertin C38 - © Joel Lombard

Renaissance

Le C38, un vélo aérodynamique de course !

Si le C37 a déjà tout du parfait vélo aéro, le C38 qui fait l’objet de cet essai va bien plus loin. Lignes plus développées, poste de pilotage qui intègre la câblerie, triangle arrière compact, tige de selle à serrage intégré, freinage de type Direct-Mount… des caractéristiques qui sont d’ordinaire l’apanage des machines les plus prestigieuses !

Vous l’aurez remarqué, la câblerie est intégrée non seulement dans le cadre mais aussi dans le poste de pilotage. Plus d’intégration c’est aussi plus d’aérodynamisme. Et après avoir travaillé sur les lignes du cadre, il est normal que les constructeurs se soient penchés sur le sujet. Ici l’ensemble est évidemment fabriqué en Asie, mais selon les désirs de Mickael Bertin lui-même, qui nous confie participer activement à la conception de ses vélos. Pas de quoi remplacer les bureaux d’études des grands constructeurs qui emploient plusieurs dizaines de personnes, mais avouons que le résultat est plaisant.

On continue avec l’intégration du serrage de tige de selle. Il reprend exactement le même système qu’un Canyon Aeroad. Il n’y a rien à ajouter, ça fonctionne à merveille et c’est très beau. Le freinage Direct-Mount qui permet une augmentation substantielle de la puissance de freinage se retrouve tant à l’avant sur la fourche qu’à l’arrière sous le boîtier de pédalier. Un emplacement qui n’a pas que des avantages. Certaines marques sont revenues en arrière après avoir adopté cet emplacement qui soumet l’étrier à la saleté et complique l’entretien. La flexion à cet endroit est aussi supérieure que lorsque l’étrier est placé sur les haubans, ce qui peut provoquer le bruit caractéristique des patins qui touchent la jante… À surveiller lors de l’essai.
Les haubans rabaissés sont parfaitement dans l’air du temps. En plus d’apporter davantage de confort, ils permettent d’avoir un arrière plus compact, plus vif et plus rigide. Et le gain aérodynamique n’est pas non plus négligeable. Notre vélo est équipé de pneus en 25 mm qui laissent de la marge, il semblerait qu’on puisse monter du 28 mm sans problème. Le carbone utilisé est de type T1000, T900 et T700 selon l’emplacement sur le cadre. Du très rigide et léger au plus souple et confortable, donc. Le poids annoncé du cadre est de 1 090 grammes et laisse présager une masse une fois peint de 1 150 grammes, ce qui est dans la moyenne des cadres aérodynamiques. À la lecture de la fiche technique, il est clair que le terrain de prédilection du C38 sera le plat. Son comportement en côte sera à juger, car c’est bien souvent sur ce terrain que les vélos aéro sont à la peine. D’où l’intérêt de travailler finement sur le placement des couches de carbone, qui donnera un comportement efficace au cadre si bien réalisé. Les bouts de bois, c’est du passé !

Quelques mots sur la finition de notre vélo. Superbe ! Bien réalisée, c’est sur ce point que le Bertin C38 se distingue le plus de la concurrence. Là où la plupart des vélos concurrents sont noirs, Bertin propose un choix de peintures quasiment infini. Du brillant au phosphorescent, du mat au métallique, il y en aura pour tous les goûts. Et surtout, l’application de la peinture est parfaite. Normal, elle est réalisée en France ! De quoi s’offrir un vélo à son image, chose compliquée d’ordinaire.

Bertin C38 - © Joel Lombard
Bertin C38 - © Joel Lombard
Bertin C38 - © Joel Lombard

Ultegra et Mavic Cosmic, du très sérieux

Si vous êtes allé faire un tour sur le site Internet de la marque, vous aurez constaté que les choix des montages est conséquent. Souhaitant vous proposer un vélo au tarif contenu et à l’équipement performant et fiable, nous avons choisi un groupe Ultegra et des roues Mavic Cosmic. Le groupe Ultegra se taille une bonne part du marché tant en première qu’en seconde monte, et ce n’est pas pour rien. Petit frère du Dura-Ace, il n’a pas grand-chose à lui envier. Un peu de poids en plus, une finition moins élaborée (et encore) et c’est tout. Son fonctionnement est exceptionnel et sa durabilité ne souffre d’aucune critique. En plus en cas de casse, le remplacement d’un dérailleur ne sera pas d’un coût exorbitant. Bref, du très sérieux. Allez, il reste encore l’image « top de gamme » au Dura-Ace ! Les équipements du C38 sont propres à la marque. Le cintre, la potence et la tige de selle sont étudiés et construits spécialement pour ce vélo. Le résultat est une parfaite intégration de l’ensemble à la machine, et une ligne épurée. L’ergonomie du cintre est plaisante, un faible drop qui le rend très compact. Il sera ainsi facile de mettre les mains en bas d’autant qu’il est possible de rehausser la potence avec des bagues qui ne nuisent en rien à la ligne de l’ensemble. Bien vu ! La selle est une Selle Italia SLR qui conviendra parfaitement aux petits gabarits comme le mien. Un vrai plus. Les nouvelles roues Mavic Cosmic sont présentes sur beaucoup de montages, en première monte. En plus d’être un réel succès commercial, elles se montrent efficaces sur la route avec une rigidité exceptionnelle couplé à un aérodynamisme poussé. Notons que les roues de notre Bertin sont des modèles équipés de pneumatiques Tubeless, qui devraient apporter du confort à ce vélo sportif.
Bertin C38 - © Joel Lombard

Sur la route

Évidemment le positionnement sur ce type de vélo est sportif. Le C38 ne déroge pas à la règle. Cadre assez long, douille basse, il ne peut en être autrement. Pour ma part, c’est parfait. Mais si vous cherchez un vélo cyclosportif, passez votre chemin, ce Bertin est d’emblée plus sportif que cyclo. Il vise plutôt la catégorie des cyclosportifs qui sont d’anciens coureurs (ou le sont toujours). Vous savez, ceux qui trustent les premières places dans les cyclosportives… Équipé de ses roues d’origine, les Mavic Cosmic, c’est bien sur le plat que le vélo se montre le plus à l’aise. Relançant efficacement l’allure, il sait maintenir pratiquement sans effort des hautes vitesses. Quel que soit le braquet utilisé, le cadre se montre à la hauteur et ne faiblit pas. La rigidité est impressionnante. En côte c’est plus difficile. L’ensemble très rigide a tendance à se montrer exigeant dans les forts pourcentages où il faudra s’employer pour conserver une bonne vitesse. Si vous êtes en forme ça passera, sinon ça risque d’être plus compliqué… J’ai changé les roues et monté des Zipp 202 NSW en place des Mavic. Le comportement du vélo change complètement. S’il pouvait passer pour pur course avec les Mavic, le passage aux Zipp l’adoucit et le rend bien plus confortable et facile d’accès. En côte, c’est même le bonheur ! Alors évidemment sur le plat on perd un peu en performance, mais encore faut-il avoir les jambes pour le sentir. Vous l’aurez compris, ce vélo s’appréciera plus avec des roues faciles ! En descente, j’ai apprécié l’ergonomie du poste de pilotage qui me convient parfaitement. Le faible drop du cintre permet d’attraper facilement les leviers de freins mains en bas ce qui, avec mes petites mains, est appréciable. Attention tout de même à la sensibilité de l’avant du vélo. Le moindre mouvement est immédiatement reproduit sur la route. Il se peut que la faible longueur de potence de mon vélo d’essai en soit la cause, plaçant mon cintre directement sur la roue avant. Rien de gênant mais une habitude à prendre. Une superbe machine dont le comportement dépendra directement des roues que vous choisirez de monter !
Bertin C38 - © Joel Lombard
Bertin C38 - © Joel Lombard
Bertin C38 - © Joel Lombard

Un tour à Quimper et…

Personnalisable à l’envi tant par le choix des couleurs, du revêtement de la peinture que du montage et doté d’un comportement moderne, ce C38 a de quoi convaincre. La preuve que les grandes marques ne sont pas les seules à proposer des machines abouties. Le vélo vous intéresse ? Passez un coup de fil à Mickael, il saura vous répondre. Mieux encore, rendez-lui visite à Quimper, il se peut bien que vous repartiez avec un C38…
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