Il y a quelques jours, Laurianne Plaçais a remporté le Bikingman France avec près de 6h d’avance sur le second Maximilien Couvreur. Une deuxième performance dans le Bikingman puisqu’elle avant remporté l’an dernier le Bikingman X avec 13h d’avance. Deux performances exceptionnelles, qui laissent des traces…
C’est quelques heures avant son opération que nous avons pu parler à Laurianne. En effet, elle a dû subir une opération et une anesthésie générale pour retirer un abcès suite aux frottement endurés pendant les 52h de pédalage intense pour remporter ce Bikingman France. Un dépassement aux frontières du danger mais une satisfaction globale pour Laurianne.
Retour sur ce Bikingman France…
Laurianne avoue ne pas avoir réalisé de préparation spécifique pour remporter le Bikingman France « J’ai effectué le principal de mon entrainement foncier sur le Bikingman Portugal où il y avait pas mal de D+ sur de petites côtes, puis une fois rentrée à la maison, je me suis concentrée sur une petite bosse à côté de la maison qui fait 1,3 km. Je la faisais entre 10 et 20 fois suivant la durée de mes entrainements, ce qui me permettait de ne pas avoir froid lorsqu’il pleuvait. »
Les autres entrainements étaient concentrés sur les cols du Semnoz depuis Annecy, le Relais du Chat pour escalader des pourcentages supérieurs à 10% puis un week-end avec 4 ascensions de l’Iseran depuis Val d’Isère pour évoluer en haute altitude, une semaine avant le Bikingman France, qui comportaient l’ascension de la Bonette à 2800m.
Concernant sa plus longue sortie, Laurianne Plaçais n’y va pas par quatre chemins « Ma plus longue sortie depuis le début de l’année ne dépasse pas les 300 kilomètres. Si je suis capable de faire 300 km, je suis capable d’en faire 1000. »
Mais le plus gros de son entrainement est quotidien puisqu’elle se sert du vélo pour aller travailler « Tous les jours je pars bosser le matin, entre 35 et 50 kilomètres si je suis en avance, puis le soir le trajet retour vers la maison, encore 35 kilomètres. Un minimum de 70 km donc, que je rallonge quand je peux le midi avec en moyenne 1h30 de vélo dans le Veyrier. »
Contrairement à ce que vous pourrez penser au premier abord, (vu ses performances), Laurianne Plaçais est une mère de famille qui travaille tous les jours chez Millet. Si elle utilise son vélo pour aller travailler 3 fois par semaine (elle travaille chez elle le reste du temps) et participe à plusieurs Bikingman par an, elle n’en oublie pas sa vie de famille.
« C’est une grande fierté pour moi de gagner la course en ayant un travail et une vie de famille. Le vélotaf me permet de concilier praticité et entrainement, tandis que le week-end j’essaie de partir maximum 5h pendant que mon mari s’occupe de notre petite. Cet hiver, je les rejoignais sur les pistes de ski autour de chez nous. »
« Oui le vélo est un plaisir, je ne me pose pas la question. C’est même une difficulté si je ne peux pas aller rouler. Je n’ai jamais eu de souci à me lever le matin et prendre le vélo pour aller bosser. Et si j’ai un minimum de flemme, je pense aux bouchons sur la route et je ne me pose pas la question.
J’ai pris énormément de plaisir pour ce Bikingman France, même si je dois admettre avoir subi la fatigue et la douleur. Je me suis fait mal comme jamais, mais c’est ça le vélo, non ?
Et puis tout le monde s’est super bien comporté (pas comme par le passé, lors de ma victoire au Bikingman X), le second et le troisième sont venus me féliciter. Ça m’a beaucoup touchée. »
Pour remporter ce Bikingman France, Laurianne Plaçais a effectué une gestion parfaite de l’effort et de la récupération.
« Mes concurrents ont souffert de la chaleur. J’ai eu la chance de bien gérer cette canicule en portant un maillot blanc à manches longues et une petite serviette dans la nuque pour me mouiller. Je me suis arrêtée dans beaucoup de fontaines, connaissant la plupart des routes empruntées.
Le départ a été canon, surtout dans le Verdon. On a rattrapé Maximilien (futur second, ndlr) après Sainte-Croix. Avec moins d’arrêts ils ne m’ont plus revue, et pourtant je gardais des forces. Une histoire de gestion !
J’ai regardé quelques fois le traqueur GPS, ça me donnait de la force et de la motivation de voir que je prenais de l’avance et creusais l’écart.
Côté nourriture, j’ai eu envie de riz au lait mais je n’en ai pas trouvé. Au Portugal, j’avais trouvé du fromage. Je me suis astreinte à manger toutes les 30 minutes et à boire de la Saint-Yorre dès que je le pouvais. J‘ai aussi découvert les barres Cooknrun qu’utilise la FDJ ça m’a beaucoup aidé. »
Avant son opération, Laurianne était incertaine concernant son avenir dans l’ultra distance. Si l’envie est toujours là, elle ne sait pas si elle pourra récupérer à temps pour la fin de saison.
« Pas d’échéance pour l’instant. Je suis inscrite au Bikingman Euskadi, mais je ne pourrais certainement pas y participer. Peut-être que je serais prête pour le Maroc. »
À la question de la voir sur d’autres épreuves que celles du Bikingman, la réponse est sans équivoque « Pour l’instant ça ne m’intéresse pas trop de faire une autre épreuve. Je connais tous les gens qui travaillent pour le Bikingman, ça a une âme humaine. Le côté humain joue beaucoup lorsque je fais des courses de vélo. »


