Ouragan sur la FFC ?
Avec une perte de 20.000 licenciés sur la mandature en cours, la FFC est entrée dans une période de gros temps… De là à parler de tempête ?
Hémorragie côté licenciés, crise ouverte côté organisateurs, baisse sensible du haut niveau et fuite des clubs vers d’autres fédérations, la vénérable Fédération Française de Cyclisme n’en finit plus de plonger l’observateur attentif dans des abimes de perplexité. D’autant plus gravement que la notion même de démocratie participative semble bien loin des soucis d’un comité fédéral de toute évidence en retard de deux ou trois guerres. Refusant les nouvelles réalités d’un sport devenu phénomène de société, réfutant de plus les avis éclairés de personnalités incontestables.
De toute évidence, le Président Michel Callot et son équipe semblent déconnectés de l’époque. Avec par exemple une impuissance scandaleuse à défendre l’usage du vélo durant le confinement lié à la pandémie de Covid 19. La solution émanant d’une action d’une association d’usager, la FUB. La FFC se contentant de prendre acte des décisions tardives du gouvernement dans une cacophonie évidente.
Aucune emprise sur l’actualité de la pratique du vélo, aucune écoute sérieuse des organisateurs, aucune innovation susceptible de soutenir le cyclisme dans ses nouvelles pratiques, suivisme pathétique des décisions et contre décisions du ministère des sports, droits d’organisation en forme de gabelle moyenâgeuse, rupture avec la modernité technologique et médiatique, impuissance inadmissible face à la nécessaire urgence climatique et environnementale, la FFC est devenue au fil des années de renoncement un « machin » dont le seul objectif visible semble être de durer pour durer.
Alors que la majorité des sports en phase avec la modernité économique et sociétale ont su se réinventer ou s’adapter, réussissant par exemple à faire poids sur le ministère de tutelle et mieux encore à attirer d’important soutiens financiers, la FFC traine sa misère financière et structurelle, vivant à crédit et grâce aux donations de la masse. Un paradoxe absurde à l’heure où le vélo est revenu le sport roi et la pratique favorite des nouveaux publics issus de la notion existentielle de « Monde d’après ».
Un temps partenaire de la FFC pour le cyclosport, Top Vélo s’est naturellement posé la question de la pertinence de ces actions à l’ancienne dans le domaine cyclo. Avec en premier lieu l’utilité de publier à 80.000 exemplaires un guide « officiel » des épreuves FFC alors que l’immense majorité des pratiquants utilisent internet pour s’informer et s’inscrire. Puis, résultat de notre écoute des organisateurs, la problématique urgente de réduction des coûts apparemment étrangère à la FFC. A de nombreuses reprises des organisateurs nous ont ainsi interpellés en mettant en cause le fonctionnement même d’une Fédération devenue aveugle et sourde face à leurs difficultés.
« Elle nous apporte quoi la Fédé ? Rien de rien, sinon une place dans son calendrier. On paie des droits exagérés, on doit répondre à des règles de plus en plus strictes et couteuses, on doit accueillir et payer des commissaires. On paye, on paye encore et encore. Et en échange, rien ! Absolument rien ! Alors une seule solution. Renoncer à organiser ou changer de fédération. »
Or, la situation du Cyclosport, pratique ô combien porteuse, n’est rien comparée à celle des courses classiques. Des minimes à l’élite, la situation des clubs et des organisateurs c’est au mieux le marasme, au pire l’absence et le renoncement. Trouver des jeunes coureurs est d’autant plus difficile pour les clubs qu’ils ne possèdent pour la plupart pas les moyens nécessaires à la formation, à l’équipement et aux déplacements. Comparée à l’Italie, à l’Espagne ou à la Belgique, la situation des clubs relève du théorème de Waterloo. Défaite en rase campagne faute d’avoir reçu l’aide escomptée…
En Italie, par exemple, le moindre club local équipe entièrement les jeunes débutants. Maillots, cuissards, casques et même vélos. Les comités régionaux de la fédération italienne sont à l’écoute et soutiennent les clubs. Le Président de la FCI, Renato Di Rocco, se déplace partout en Italie pour échanger avec les clubs, les organisateurs et les coureurs. Et cette écoute est payante. D’autant qu’elle est également de mise avec les anciens champions et les grands entraineurs et formateurs. Comme d’ailleurs avec les grands constructeurs et équipementiers transalpins.
Côté FFC, force est de constater le contraire exactement. Depuis leur glorieuse tour d’ivoire du vélodrome national de St Quentin, les dirigeants du team Callot s’efforcent de ne surtout pas faire de vagues. Et ce, alors que la tempête est proche tant le fait démocratique est nié. Les pratiquants détenteurs de licences FFC n’ayant pas réellement voix au chapitre. Le bureau national étant l’émanation des seuls comités régionaux.
Face à cette crise gravissime, qui remet en cause l’expansion du sport cycliste, un mouvement important est en phase de constitution. Non point un club décidé à s’offrir la tête du président Callot, mais au contraire un enthousiasmant groupe de cyclistes passionnés et de personnalités disponibles et compétentes ayant décidé de décider et donc d’agir. Par exemple en œuvrant auprès du Défenseur des droits afin d’obtenir un changement de l’actuelle réglementation qui tient plus de la troisième république que de la cinquième. L’idée étant de donner enfin la parole directement aux licenciés et aux clubs. Avec en guise d’avertissement lancé à la FFC, la menace de très nombreux organisateurs de se passer désormais de son agrément ainsi que le permet depuis deux ans la nouvelle loi européenne.
Alors jusqu’où ira la crise ? Et quelle est son ampleur réelle ? Nous en avons parlé très librement avec un certain Cyrille Guimard qui se pose encore la question de son éviction du poste de sélectionneur de l’équipe de France en dépit de ses deux années de réussite. Question qui interpelle non seulement notre rédaction, mais aussi et surtout l’ensemble des passionnés. Le « Druide » préfère en sourire, considérant cet épisode comme un énième égarement d’une fédération qui ne sait pas être allé trop loin dans l’inconséquence…
LA NON REPONSE DE MICHEL CALLOT
Contacté directement par notre rédaction, le Président Michel Callot a refusé de répondre à nos questions alors que nous lui proposions logiquement un entretien qui lui aurait permis de répondre à nos questions et surtout à celles des licenciés et des clubs. Se retranchant derrière une éventuelle demande de droit de réponse que pourrait nous transmettre son avocat, il a choisi le mutisme et la menace judiciaire. Une non réponse qui vient encore alourdir le climat qui règne autour d’une fédération selon nous complètement coupée de ses licenciés et des pratiquants. De notre côté nous saluons les centaines de licenciés et de dirigeants de clubs qui nous adressent minute après minute leurs remerciements et leur félicitations pour avoir enfin ouvert le débat.