Parmi les plus grandes marques de vêtements cyclistes, Nalini est sans doute à la fois la plus importante et la plus méconnue. Nombre de ses créations les plus emblématiques sont en effet réalisées depuis plusieurs décennies pour d’autres blasons. Le fruit d’une rarissime concordance des temps entre capacité d’innovation technologique, maitrise artisanale, talent artistique et réalité industrielle. Implantée depuis toujours à Castel d’Ario, au cœur de l’antique Lombardie industrieuse et agricole, la marque nous ouvre ses portes. Impressionnant !

Paradoxalement inimitable, un maillot siglé Nalini peut cacher un maillot siglé d’un autre logo. Un vêtement conçu et réalisé pour le compte d’une autre marque. Britannique, Suisse, Américaine ou Française. Paraphrasant la célèbre chanson de Charles Trenet, « Vous qui passez sans me voir ». Nalini, précurseur dans le domaine de l’ergonomie textile et novateur inflexible sur le plan des coupes, est ainsi devenu le partenaire favori des marques internationales et des grands teams professionnels. Le savoir-faire de ses techniciens, la dextérité de ses couturières et sa rare capacité à tout fabriquer en interne ont fait de ce label bien plus qu’un simple manufacturier, une légende dans l’univers complexe du vêtement de sport. C’est dire si la visite des établissements de Castel d’Ario est à la fois un privilège et une révélation.

Industriels d’aspect, les locaux sont plus que vastes. Tout simplement immenses. Repartis dans plusieurs pavillons à dimension XXL, de part et d’autre du bâtiment central où sont logés les services administratifs, design et marketing. D’ou l’importance d’un guide. En l’occurrence, le patron Claudio Mantovani en personne. Double privilège que de découvrir Nalini avec cet entrepreneur humaniste qui n’oublie jamais que le sport est d’abord le moteur de sa société.

Au grès de l’histoire Nalini, notre itinérance devient balade édifiante à la découverte d’une histoire qui se confond avec celle du cyclisme moderne. Le temps d’un café ristretto avalé au pas de course, nous passons très rapidement vers le secteur du Fondello, cette peau de chamois qui a fait depuis toujours la réputation de la marque. Si les cuissards Nalini sont très vite devenu référence absolue, au point d’équiper les plus grands champions, c’est que leur conception est d’abord basée sur le confort ergonomique. Il faut avoir connu les anciens cuissards pour comprendre l’importance de la révolution Nalini. Avec l’usage de peaux synthétiques anallergiques et la mise en œuvre de modèles spécifiques pour chaque taille.

Baptisé Nalini, ce Fondello révolutionnaire fera de MOA, qui prendra bientôt le nom de Nalini pour tous ses produits, le leader international de l’habillement cycliste. Au point de séduire quelques-unes des plus grandes équipes professionnelles. De Kelme à Barloworld, de la Caisse d’Épargne à Movistar, de Super U à Astana ou Telekom et Fassa Bartolo. Et encore, côté français, Cofidis et Direct Énergie. Avec des champions comme Bartoli, Indurain, Fignon, Ullrich, Cipollini, Cancellara ou Valverde. Et une anecdote, celle d’un certain Christopher Froome travaillant dans un magasin pour Nalini dont il utilisera les tenues un peu plus tard chez Barloworld.

De secteur en secteur, l’émotion et la surprise sont de mise. Par exemple face à ces métiers à tisser géants qui permettent à Nalini de produire in-situ ses propres tissus. Ou ces ateliers d’impression et de sublimation qui donnent l’image d’un atelier d’art. Ou encore ces rayonnages interminables où sont stockés, façon bibliothèque historique, des exemplaires de toutes les tenues professionnelles produites depuis l’origine. Longue pause obligatoire devant celles autrefois dévolues au grand Miguel Indurain et à l’inoubliable Laurent Fignon.

Au fil de la visite l’impression d’un Univers Nalini se confirme. Avec ce mélange réjouissant entre technologies de pointe et artisanat d’art, culture et industrie. En témoignent les stratégies techniques complexes utilisées pour répondre à la demande de Bianchi pour sa nouvelle collection Bianchi Milano. Un mix entre la grande tradition des maglificio italiens et le hi-Tech de la Silicon valley milanaise. Ou encore l’extrême rigueur qui est de mise pour réaliser la nouvelle gamme des vêtements cyclistes Campagnolo. Nous sommes ici dans un autre monde que celui banal de la confection. On touche à la perfection de la haute couture, avec découpe laser et coutures invisibles sur des tissus d’une finesse et d’une technicité inusitée. Avec des personnels attentifs et fidèles qui déclinent le savoir-faire maison comme autant de déclarations de passion.

Trois heures plus tard, tandis que Claudio Mantovani nous fixe un autre rendez-vous, il veut à tout prix nous montrer le Castel d’Ario de l’un de ses héros, le légendaire pilote Tazio Nuvolari, la visite s’achève et laisse notre équipe un peu sonnée par la somme incroyable de talents déployée chez Nalini. Le grand retour de la marque en France, sous son propre label, devrait constituer un événement.

Renseignements : www.nalini.com/it 

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