GIRO 2023, REMCO FACE À SON DESTIN

Placée sous le signe du retour aux grands contre-la-montre, la 106ème édition du Tour d’Italie sera le cadre métaphysique et glorieux d’un duel de géants opposant Primoz Roglic à Remco Evenepoel. Quête d’un ultime succès dans les grands tours pour le Slovène et surtout ambition démesurée pour le jeune prodige belge. Spectacle à tous les étages d’une épreuve mythique. Avec en guise d’arbitre un Geraint Thomas qui refuse encore et toujours l’inéluctable déclin. Et côté français, le dernier tour de piste de Thibaut Pinot et le programme offensif de Warren Barguil.

Comme une Tornade, le prodige écrase le premier chrono

Confirmant les pronostics, le jeune champion belge aura défrayé la chronique et l’histoire dès le premier contre la montre. À l’issue des 19 km600, il devance le recordman de l’heure transalpin Filippo Ganna de 22 secondes. Et il relègue Roglic à 43 secondes et Thomas à 55. Quant à Pinot, il poinjte déjà à une minute et 43 secondes…

En tête de bout en bout, ceint de sa combinaison de Champion de Belgique du chrono, Remco a produit une démonstration de puissance et de classe qui n’est pas sans rappeler les exploits de Bernard Hinault. Un premier maillot rose à la clef. 

Indéniablement, les patrons du Giro auront tout fait pour attirer Remco Evenepoel sur leur épreuve. Notamment en multipliant les étapes de puncheurs et en donnant de l’importance aux contre-la-montre. De quoi attirer un guerrier tel que le jeune Champion du Monde, à l’aise aussi bien sur les tracés du type ardennaises que dans les longs chronos. Chronos qu’il disputera d’ailleurs avec sa combinaison de Champion de Belgique. Restera évidemment à affronter les légendaires sommets italiens. 

ROGLIC EN ADVERSAIRE NUMÉRO 1

Face à lui, un Roglic confiant qui est parvenu à le devancer (de très peu) lors du récent Tour de Catalogne. Le Slovène aura pour lui son expérience des grandes courses à étapes, avec notamment trois Tours d’Espagne. Et aussi sa capacité à surmonter l’épreuve de l’altitude. Ce qui pourrait constituer un écueil insurmontable pour un jeune champion n’ayant pour expérience de sommets à plus de 2000 mètres, qu’une Vuelta (victorieuse) et quelques stages intensifs sur le fameux volcan Teide aux Canaries.

Arbitré par un Geraint Thomas nostalgique de sa grandeur passée, le duel devrait électriser un peloton où les français affichent leur volonté de ne pas jouer les comparses. Thibaut Pinot visera, logiquement une place au général. Sans pour autant négliger une victoire d’étape. Et Warren Barguil, en forme ascendante depuis plusieurs semaines, sera l’un des outsiders de choix aussi bien pour le classement de la montagne que pour une étape. 

un début d'épreuve qui résonne comme un flash-back

Début d’épreuve en forme de flash-back vers l’époque bénie des dieux transalpins, Moser en tête, la première étape sera disputée contre-la-montre sur une distance de 19 km 600. Tracée à Ortona, à l’ombre inquiétante de la forteresse des Aragon, l’arrivée sera l’occasion de lancer la bataille sans préambule ni précautions oratoires. A l’issue de l’étape nous saurons si Remco pourra dès le premier jour imposer sa marque. Et…ceindre la Maglia Rosa face à Roglic et Thomas.

Second grand rendez-vous de ce Giro des temps nouveaux, l’arrivée à Campo Imperatore sur les pentes du Gran Sasso le 12 mai. Un lieu marqué depuis 1943 par l’opération Eiche du SS Otto Skorzeny et de ses parachutistes venus libérer le Duce Mussolini emprisonné après la défection de ses amis du Grand Conseil fasciste. Entre cauchemars historiques et retour à la nature originelle des Abruzzes avec meutes de loups, ours en goguette, vols de faucons et défilés de sangliers, le peloton réglera ses comptes sur les traces de Simon Yates et …Thibaut Pinot qui sur ces mêmes pentes étaient parvenus à prendre plus d’une minute à un certain Chris Froome. C’était en 2018. 

un très beau giro en perspective

Deux jours plus tard, le 14 mai, nouvelle étape contre-la-montre. Un chrono long de 35 km tracé sur mesure pour Evenepoel. Entièrement plat, le parcours se présente comme une ligne de partage des eaux avant les grandes étapes de montagne.

Crans Montana le 19 mai. Avec le Grand Saint Bernard et la Croix de cœur, deux cols à plus de 2000 m et des pourcentages moyens à 10%, avant la grimpée finale et ses 13 km à 7%.

Monte Bondone, cher à l’archange de la montagne Charly Gaul qui y triomphera en 1956 après 9 heures de selle par des températures de moins quatre, le 23 mai. Des cols et encore des cols pour une journée sans doute décisive et une arrivée disputée après 21 km d’ascension.

Le classement général sera alors certainement écrit à même la légende. Et définitif. Même si tout pourrait basculer le 27 mai, à la veille de la conclusion à Rome, lors d’un nouveau contre-la-montre spectaculaire. Arrivée à Monte Lussari après 18 km 600 et un final de 7 km avec une pente moyenne de 7% et des passages à 22% ! 

Face à son destin, Remco Evenepoel saura s’il peut imaginer un jour affronter Vingegaard et Pogacar sur le Tour.

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